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William Blake

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Londres, Tate Britain, du 11 septembre 2019 au 2 février 2020.

Depuis 1978, il s’agit de la troisième rétrospective Blake à se tenir à la Tate Britain, soit environ une tous les vingt ans. Paris a eu la chance d’en connaître une il y a dix ans dont la recension se trouve d’ailleurs ici. En temps normal, les œuvres de Blake ne se voient qu’épisodiquement, car il est l’auteur surtout d’œuvres sur papier ce qui rend leur durée d’exposition limitée. Si la Tate consacre en permanence une salle à cet artiste, cette exposition offre une occasion rare de voir plus de 300 œuvres venant de différents musées dans le monde.


1. William Blake (1757-1827)
Joseph ordonnant d’attacher Siméon, vers 1784-85
Encre et aquarelle sur graphite - 40,5 x 56 cm
Cambridge, Fitzwilliam Museum
Photo : Didier Rykner
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La première salle rappelle que Blake fut d’abord un homme de son temps, et un artiste formé d’une manière conforme aux pratiques de l’époque même s’il renia plus tard cet enseignement. Dès quatorze ans, il suivit des cours auprès du graveur James Basire, puis il entra à 21 ans, en 1779, à la Royal Academy of Arts où il put perfectionner son art du dessin, à partir notamment de sculptures et du modèle vivant. Les aquarelles que l’on voit ici au début du parcours (ill. 1) montrent que son style - on est alors en 1785 - relève du néoclassicisme comme on le trouve dans toute l’Europe : inspiration de l’Antique, composition en frise… On note cependant déjà quelques caractéristiques qui le marqueront toute sa vie, notamment une certaine recherche de naïveté qui donne à ces dessins aux sujets pourtant bien sages un côté déjà un peu fantastique, pas unique d’ailleurs dans l’Angleterre de cette époque comme en témoignent par exemple les œuvres de Füssli. Ce néoclassicisme de forme se mêle ainsi rapidement à un préromantisme qui marquera une grande partie de la peinture anglaise. Il est par ailleurs le contemporain du « romantisme noir », des romans gothiques de Shelley, Radcliffe ou Lewis…

Blake est connu en France comme un dessinateur et graveur. Pour les Anglais, il est tout autant, et peut-être encore davantage puisque c’est cet aspect qui est étudié en classe, un grand poète. Comme le rappelle les essais du catalogue, il fut tout cela à la fois : graveur le jour, poète et dessinateur le reste du temps. C’est son activité de graveur qui le faisait vivre, même s’il eut des amis et mécènes qui lui achetaient ses dessins et ses livres illustrés. Ces derniers, qui mêlent littérature et illustrations, sont le résultat concret de la manière dont poésie et écriture étaient intimement imbriquées.

L’art de Blake est à la fois complexe et simple. Complexe car ses sujets sont souvent extrêmement élaborés - il créa sa propre mythologie avec des figures comme Tiriel, Urizen ou Thel -, et susceptibles de multiples interprétations ; simple car ses œuvres frappent immédiatement le spectateur par leur extraordinaire puissance et étrangeté. Nul besoin de comprendre exactement ce que représentent - ce…

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