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Interview de Jean-Luc Martinez (2) : collections permanentes

Voici la deuxième partie de l’interview de Jean-Luc Martinez que nous avions commencé fin septembre. Cette fois, le président-directeur du Louvre nous parle des collections permanentes.

Parlons maintenant des collections permanentes. Les Arts africains et océaniens, qui bénéficient d’un musée qui leur est dédié, ont-ils leur place au Louvre ?

De mon point de vue, les arts africains, océaniens et américains qui sont présentés dans le pavillon des Sessions constituent l’une des richesses du musée. Ils répondent à une vraie interrogation sur ce qu’est et ce qu’était le musée du Louvre qui a été créé en 1793 avec une prétention à l’universalité. Il voulait être le lieu où l’on montre toutes les cultures du monde. Il y a donc eu au musée du Louvre au XIXe siècle de l’art africain et même de l’art américain. Pourquoi, dans un musée où l’on présente de la peinture américaine, n’y aurait-il pas d’autre témoignage de l’art américain ? Ce n’est que progressivement que cette universalité a été élaguée par la création d’autres musées.
A entendre votre question, on a l’impression que le musée du Louvre est un musée d’art européen. On nie souvent le caractère africain de la culture égyptienne. L’Égypte, je vous le rappelle, est en Afrique. Le Maghreb aussi. Il n’y a donc rien de choquant à ce que le Louvre montre d’autres cultures africaines, je crois que c’est une richesse du Musée du Louvre. On peut aussi prendre l’exemple de la culture Nok, qui est une culture de la Haute Antiquité en Afrique. Il est très intéressant pour les antiquisants, mais aussi pour le grand public, de découvrir que l’Afrique ne commence pas à exister culturellement avec les collectes des ethnologues au XIXe siècle et qu’il y a des cultures antiques en Afrique. Au moment de son ouverture, il y avait à l’entrée du Pavillon des Sessions une œuvre prédynastique égyptienne.
Je travaille avec Stéphane Martin, le président du Musée du Quai Branly, à faire en sorte que cette richesse pour le Louvre soit mieux perçue et mieux visible. Mais ces œuvres vont rester au Louvre et nous devons surtout mieux les intégrer aux collections.

Qu’entendez-vous par là ?

La présentation des œuvres dans le Pavillon des Sessions a parfois été comprise comme une préfiguration du Musée du Quai Branly. Et depuis l’ouverture de ce dernier, certains ont dit que c’était une antenne. Or ce n’est ni une préfiguration ni une antenne. C’est une manière de présenter au Louvre d’autres cultures. Il nous faut donc mieux intégrer ces collections dans les parcours de visite, dans les cycles de conférence et dans la programmation de l’auditorium.

Que vouliez-vous dire lorsque vous parliez de l’art américain ?

Il serait paradoxal que les seules œuvres américaines qui apparaissent dans les collections du Musée du Louvre soient des peintures du XVIIIe siècle. Comme pour l’Afrique, il s’agit d’autres cultures en Amérique et il est normal qu’elles soient également représentées.

On imaginerait bien, cela existe déjà, que vous voulez parler de l’art colonial, mais cela veut-il dire aussi aller jusqu’aux cultures précolombiennes ?

Oui, car l’art n’a pas commencé dans ces continents avec la…

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