Disparition de Paris : un bâtiment Art déco et plusieurs arbres

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20/9/23 - Patrimoine - Paris - La disparition de Paris, que nous dénoncions dans un livre paru l’an dernier aux éditions des Belles Lettres, n’est pas une fiction hélas, et cette disparition va même en s’accélérant. Une disparition qui concerne tant les arbres que le patrimoine, dans un urbanisme devenu fou qui rappelle les pires époques des années 60/70.


1. Le permis de construire (qui entrainera la disparition de l’édifice et des arbres)
Photo : Didier Rykner
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C’est ainsi qu’à la fin du mois de juin nous avons découvert un nouveau projet, qui, certes, n’est pas dû à la mairie de Paris, mais auquel celle-ci participe en lui ayant accordé récemment le permis de construire, sous le regard évidemment indifférent de l’État.
L’affaire, dont personne ne semble avoir parlé, est provoquée par le souhait de l’Institut Curie de s’agrandir au 39 ter rue Gay-Lussac. Plutôt que de réutiliser le bâtiment qui lui appartient, il va le détruire. Cet édifice (ill. 1) est pourtant très intéressant. Construit par Roger-Henri Expert, auteur entre autre des fontaines du Trocadéro, il est d’un style Art déco qui devrait lui valoir au moins une inscription monument historique.
Le 30 janvier 2020, la Commission du Vieux Paris avait examiné ce projet, soulignant l’importance de cet architecte « attaché à la tradition classique dans la construction française de l’entre-deux guerres » et affirmant qu’elle « s’opposerait vigoureusement [au] permis [si celui-ci] était déposé dans ce sens ». Mais la Ville de Paris se moque souvent comme d’une guigne des avis de cette commission auxquels elle peut passer outre, ce dont elle ne se prive pas. En 2022, la Commission s’étonnait que la Ville de Paris n’ait pas transmis la demande de protection au titre des Monuments Historiques qu’elle avait demandé.


2. Le bâtiment Art déco de Roger-Henri Expert promis à la destruction
Photo : Didier Rykner
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Mais on ne va pas détruire seulement le bâtiment. On va également couper plusieurs arbres (des sophoras, sauf erreur) qui ont le malheur de se trouver à l’endroit où le nouvel édifice, plus grand, va s’étendre (ill. 3 et 4). Une fois de plus à Paris on sacrifie les arbres pour une opération immobilière. Nouvelle preuve que la soi-disant végétalisation n’est qu’un leurre, et que cette mairie qui se prétend écologique est en réalité écocidaire, néologisme qui s’applique parfaitement à sa politique.


3. Arbres qui vont bientôt disparaître
Photo : Didier Rykner
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Comment empêcher un projet aussi avancé, pour lequel les coupes d’arbres et la destruction du bâtiment peuvent intervenir à tout moment ? Cela paraît hélas fort compromis. Il ne s’agit évidemment pas d’un cas isolé. Partout dans Paris les coupes d’arbres se multiplient, soit dues à des projets immobiliers, soit à un manque d’entretien (c’était le cas cet été place Furstemberg, devant la maison de Delacroix).


3. Arbre qui va bientôt être coupé
Photo : Didier Rykner
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Nous publions donc cet article de dernière minute, non pour faire appel à la raison de la municipalité, cela fait longtemps que nous savons qu’elle n’en a aucune, mais pour informer l’opinion public et nos confrères journalistes qui seuls peuvent faire pression en mettant les pouvoirs public devant leur responsabilité. Peut-on se permettre de continuer à densifier l’une des villes les plus denses du monde ? Peut-on autoriser la coupe d’arbres en parfaite santé alors que l’on nous prédit une forte augmentation des températures pour les prochaines décennies, canicules contre lesquelles les arbres sont un rempart ?

Le résultat obtenu par la mobilisation contre l’abattage de marronniers rue Préault dans le XIXe arrondissement - ils seront finalement sauvés - prouve que ce type d’action peut marcher. Nous alertons, à d’autres de prendre le relais.

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