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Bohèmes

Paris, Galeries du Grand Palais, 26 septembre 2012 - 14 janvier 2013.
Madrid, Fundación Mapfre, 6 février – 5 mai 2013.

Deux, voire trois en une. Qui dit mieux ? Sous le titre pluriel « Bohèmes », le commissaire Sylvain Amic glisse, non sans prétention à une exhaustivité assez ambiguë – et mal maîtrisée – plusieurs expositions : une première qui s’attache surtout aux bohémiens, égyptiens et autres saltimbanques et dont il fait remonter, tableaux à l’appui, l’origine à Moïse dans son panier d’osier recueilli sur les bords du Nil [1] ; une deuxième consacrée au mythe de la « vie de bohème », strictement circonscrite au XIXe siècle et à son extension aux débuts du XXe ; enfin, l’ébauche d’une troisième, pseudopode de la première, présentation monographique d’un artiste, Otto Mueller (1874-1930), peintre expressionniste allemand qui vécut parmi les tziganes, en fixa dans un album portraits et scènes de leur vie dans les marges, et fut exposé par les nazis dans le cadre de L’Entartete Kunst munichois en 1937. De la Bible aux camps de concentration ou le parcours d’une errance dont le sujet continue d’occuper l’actualité.
On l’imagine sans peine : à trop vouloir embrasser, Sylvain Amic ne fait que survoler. Et l’on ne peut que regretter, tant le sujet est riche, qu’il ne se soit pas contenté de proposer une véritable exposition consacrée aux bohémiens, à leurs costumes (ce qui aurait évité que le visiteur se pose sans cesse des questions pour tenter de comprendre la présence de telle ou telle œuvre) et leurs coutumes, aux mythes dont ils ont été porteurs. Car qu’ont en commun les gens du voyage et les artistes de « la vie de bohème », sinon un substantif (et encore il faudrait s’arrêter sur ces accents qui, du circonflexe, passent à l’aigu, puis au grave) rendu célèbre grâce à sa lexicalisation dans l’expression popularisée par le texte d’Henry Murger (Scènes de la vie de bohème, 1851 dans sa version livresque) qu’amplifia mondialement l’opéra de Puccini, La Bohème, créé à Turin le 1er février 1896. Qui trop veut embrasser, mal étreint donc. Et lorsque la scénographie – parlons plutôt ici de mise en scène – est confiée à Robert Carsen, vedette incontestée des scènes mondiales lyriques, l’amateur de peintures se trouve confronté à un dilemme : apprécier le travail de Carsen et… oublier les œuvres.

1. Vincent van Gogh (1853-1890)
Chaussures, 1886
Huile sur toile - 37,5 x 45 cm
Amsterdam, Van Gogh Museum
Photo : Van Gogh Museum, Amsterdam
(Vincent van Gogh Foundation)
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Est-ce d’ailleurs une bonne idée de confier la scénographie à un metteur en scène [2], qui tend à mettre en évidence son propre travail au lieu de s’effacer derrière ce qu’il a charge de promouvoir ?
Pour un habitué des salles du Grand Palais, l’entrée dans l’exposition est un choc : point de salles s’enfilant pour passer d’un sujet à un autre, mais un long boyau moquetté et tapissé d’un brun couleur terre dont le seul mur de gauche sert de cimaise. Au bout de ce long couloir, tournant à sénestre, s’ouvre un couloir identique, deux fois plus large au bout…

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