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Un Fragonard pour l’École des beaux-arts de Paris

1. Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Alcine retrouve Roger
dans sa chambre
, vers 1780
Pierre noire et lavis de
bistre - 38,5 x 23,5 cm
Paris, École nationale
supérieure des beaux-arts
Photo : ENSBA
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20/5/20 - Acquisition - Paris, École nationale supérieure des beaux-arts - C’est «un grand massif aussi onirique que séduisant», «un ensemble d’une totale liberté, d’une énergie qui confère au pur dynamisme, d’un charme délicieux dans son évocation de ce monde à demi-féerique» : Louis-Antoine Prat, pourtant peu suspect de fragomania, ne tarit pas d’éloges lorsqu’il aborde la série des illustrations de Jean-Honoré Fragonard pour le Roland furieux de L’Arioste dans Le dessin français au XVIIIe siècle. Comment ne pas lui donner raison en admirant la très belle feuille (ill. 1) qui vient de rejoindre les collections [1] de l’École des beaux-arts de Paris grâce au soutien de son indispensable association de mécènes, Le cabinet des amateurs de dessins de l’École des Beaux-Arts ?

Comme la recherche récente l’a montré, Fragonard était un grand lettré, qui possédait une riche bibliothèque, contrairement à la légende et aux clichés qui ont trop longtemps caché l’importance de ses inspirations littéraires pour n’en faire qu’un peintre de boudoir. L’artiste a ainsi illustré les Contes de La Fontaine comme le Don Quichotte de Cervantès mais s’est également confronté avec succès aux deux plus grands poèmes épiques de la Renaissance italienne, le Roland Furieux de L’Arioste et la Jérusalem délivrée du Tasse, tous deux nés au sein de la très raffinée cour des Este à Ferrare. Le couple mythique formé par Renaud et Armide dans le poème du Tasse inspira à Fragonard l’une de ses plus belles paires de tableaux, longtemps conservée en collection particulière, jusqu’à l’acquisition de l’un des pendants, Renaud entre dans la forêt enchantée (ill. 2), par le Musée du Louvre en 2003 (voir la brève du 1/10/04).


2. Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Renaud entre dans la forêt enchantée, vers 1761-1765
Huile sur toile - 72 x 91 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN-GP/F. Raux
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Le Roland furieux donna lieu à une entreprise graphique d’une toute autre ampleur, dont près de deux cents feuilles sont aujourd’hui connues ! Cet ensemble très homogène, qui comporte 179 dessins, présente des caractéristiques communes : un même format vertical, des dimensions quasiment identiques (environ 40 x 25 cm) ainsi qu’une technique semblable, généralement du lavis brun sur une esquisse à la pierre noire. Fragonard s’est lancé avec toute sa fougue dans la titanesque traduction graphique de ce récit-fleuve qui comporte quarante-six chants et trente-huit mille vers. On ignore encore s’il y avait un commanditaire pour cette vaste entreprise que l’artiste abandonna mystérieusement en cours de route : il n’illustra en effet que le premier tiers de l’ouvrage, entre le chant I et le chant XVI. Si l’on…

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