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Manet et Degas, du Musée d’Orsay à la Bibliothèque nationale

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Manet/Degas : Paris, Musée d’Orsay, du 28 mars au 23 juillet 2023, puis New York, The Metropolitan Museum of Art, du 24 septembre 2023 au 7 janvier 2024

Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies, BnF Richelieu, du 31 mai au 3 septembre 2023

Première étape : Manet/Degas, ou le blockbuster vivement conseillé aux amateurs

La main sur le cœur, et l’esprit occupé par la flambée des coûts d’assurance et de transport, le Musée d’Orsay le jure : on ne reverra pas de sitôt un tel ensemble, venu du monde entier au prix d’un bilan carbone qu’on imagine désastreux. Pourtant, dès la première salle, on reprend vite goût aux expositions de prestige, appâté par les prêts remarquables dont la pertinente juxtaposition séduit jusqu’au visiteur parisien le plus blasé. Au fond, que reste-t-il d’une belle exposition ? Son catalogue, bien sûr, répondront en chœur les amateurs de livres. Rigoureusement composé, riches de bons - mais courts - essais faute d’être pourvu de notices, l’ouvrage qui accompagne l’exposition fait plutôt honneur à l’institution, qui a indiscutablement réussi son coup en orchestrant une étourdissante avalanche de chefs-d’oeuvre qui permet ainsi d’admirer plusieurs des plus beaux Manet et Degas habituellement conservés outre-Atlantique. On retiendra plutôt son pertinent accrochage, aussi intelligent que sensible, qui justifie à lui seul plusieurs visites de l’exposition imaginée par Laurence des Cars lorsqu’elle présidait le Musée d’Orsay. La confrontation suggérée par son titre n’a bien sûr pas lieu d’être : il ne s’agit pas ici de choisir qui est le meilleur mais bien de raconter une quinzaine d’années de compagnonnage artistique en utilisant l’un des deux pour mieux regarder l’autre, malgré un profond déséquilibre initial.


1. Vue du portrait d’Émile Zola par Édouard Manet et du portrait de James Tissot par Edgar Degas dans l’exposition « Manet/Degas » au Musée d’Orsay
Photo : Sophie Crépy
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Au cours de la décisive décennie 1860, Manet fait déjà scandale, tandis que Degas tâtonne encore : ils ne sont encore ni amis, ni rivaux mais sont issus d’un même milieu bourgeois parisien, fréquentent les mêmes lieux - du Musée du Louvre au salon des Morisot, sans oublier le bordel - et apprécient les cafés comme les courses hippiques. De tels lieux communs n’aident pas à structurer le propos d’une grande exposition mais, fort habilement employés, ont pourtant pu composer un parcours signifiant et délectable où l’on perçoit instantanément tout ce que l’un doit à l’autre (ill. 1). D’un tableau à l’autre, la circulation des poses, des compositions et des motifs revivifie un intense dialogue artistique qui se déploie dans chaque salle grâce aux rapprochements opérés par les deux commissaires français de cette exposition finalement si américaine. « Tu diras à M. Degas que s’il fonde son musée, il choisisse un Manet », écrivait une Berthe Morisot expirante à sa fille Julie alors que celui-ci, qui survécut plus de trente ans à son aîné emporté par la syphilis, vivait déjà dans son propre musée Manet, comme le découvrent progressivement les visiteurs.


2. Edgar Degas (1834-1917)
Monsieur et Madame Manet, vers 1868-1869
Huile sur toile -…

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