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Le papier peint art nouveau. Création, production, diffusion

Auteur : Jérémie Cerman

Issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2009 par Jérémie Cerman, qui vient d’être élu Maître de conférences à l’Université de Paris IV, ce superbe ouvrage aborde un sujet jusqu’ici peu étudié pour lui-même. Si l’Art nouveau possède une bibliographie considérable, mais parfois fort inégale, depuis les années 1960, avec un renouveau d’intérêt récent davantage scientifique, le papier peint n’y a été étudié que parcimonieusement. On doit mentionner toutefois une thèse de doctorat défendue en 1996 par Isabelle Kapp ; le papier peint y est cependant surtout le prétexte à une étude sur la flore de l’Art nouveau. Plus ciblée, l’exposition organisée à la Fondation Neumann en 1997 (puis au Musée du Prieuré de Saint-Germain en Laye, à Rixheim et à Darmstadt avec un catalogue édité chez Skira) constitue une première approche d’ensemble raisonnée de ce sujet. Le travail de Jérémie Cerman a le grand mérite d’aller au-delà et d’étudier jusqu’au bout et dans tous ses aspects cet objet singulier qu’est le papier peint Art nouveau. Ainsi que le précise le sous-titre du livre, il s’agit aussi bien de l’histoire du support, de ses techniques et de son utilisation que de son esthétique, de sa diffusion et de sa réception. Si les nombreux travaux consacrés à l’Art nouveau ont permis une vision renouvelée des arts décoratifs autour de 1900 (mobilier, textiles, objets d’art, architecture, arts graphiques etc.), il faut bien constater que le papier peint, qui, la plupart du temps, n’en est abordé que marginalement, y tient pourtant une place particulière : en dépit de sa fragilité et de sa vie parfois éphémère, n’est-il pas le « décor » lui-même d’une époque, public ou intime, ainsi qu’en attestent de nombreux documents photographiques de toutes natures, patiemment collectés par l’auteur et qui illustrent un remarquable chapitre ? Sans rien oublier de son origine, de son développement, de son style et de son devenir, Jérémie Cerman s’applique, aussi, à souligner la place sociale du papier peint et son image. L’ouvrage est d’ailleurs introduit par une réflexion, très astucieuse, qui montre combien, pour les artistes, le papier peint, en dépit d’une histoire déjà ancienne, était quasiment, au XIXe siècle, un terme courant d’usage péjoratif. Le jugement de Gavarni à propos de Courbet (« du papier de tenture »), celui de Zola à l’ouverture du Salon de 1868, voire l’avis de Paul Mantz sur Le Balcon de Manet (« l’éclat décoratif d’une tenture de papier peint »), montrent bien de quelle manière critiques et peintres utilisent le terme comme symbole de « platitude », de « répétition », de mièvrerie ou de fadeur. Jérémie Cerman, en quelques pages, et avec une culture délectable qui va au-delà de l’histoire de l’art, n’omet ni Erik Satie (avec son Prélude en tapisserie, et sa Tenture de Cabinet préfectoral (les fameuses « Musiques d’ameublement »), ni Stravinsky (« Ne me demandez pas de considérer mon papier peint comme une peinture »), ni les admirables derniers mots…

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