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Beauté animale

Paris, Galeries nationales du Grand Palais, du 21 mars 2012 au 16 juillet 2012

1. John-James Audubon (1785-1851)
Flamant rose, 1838
dans The Birds of America : from original drawings,
tome IV, 1838
Eau-forte, aquatinte et aquarelle sur papier
Paris, Muséum national d’Histoire Naturelle
Photo : RMN-GP/Agence Bulloz
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On devrait toujours s’interroger sur un titre d’exposition : Beauté animale donc. Et non pas « La Beauté animale » : l’absence de l’article est ici d’importance, qui désigne le sujet de la manifestation – l’animal – comme un « absolu » esthétique. Et justifie qu’à l’exception de deux ou trois toiles – l’une de l’atelier de Jan Brueghel de Velours (L’Entrée des animaux dans l’arche, Pau, musée des Beaux-Arts, v. 1631), une autre de Pietro Longhi dont nous reparlerons à propos du rhinocéros – aucune œuvre ne présente d’animal accompagné d’humains. Exeunt donc les animaux d’apparat des portraits royaux tels que les peignent Van Dyck ou Velázquez, ou ces chiens de compagnie à l’image de ce lévrier barzoï lové aux pieds de la serpentine Sarah Bernhardt de Georges Clairin (Paris, musée du Petit Palais, 1876). Pas davantage de scènes de chasse ou de scènes militaires, non plus que de scènes bibliques où un cochon accompagne Antoine, un lion saint Jérôme, une baleine Jonas ou des corgis Elizabeth II (n’est-elle pas chef de l’Eglise anglicane ?). Quant aux amateurs de natures mortes dans le style de La Raie de Chardin, qu’ils passent leur chemin : c’est ici de « nature vivante » qu’il s’agit, du moins d’une nature rendue vivante par l’art. Car le pari de la commissaire, Emmanuelle Héran, est de faire voir l’animal en sa vérité, tout à la fois observé et (re)découvert, hors de tout anthropocentrisme caricatural ou moralisateur, rejetant toute forme de phobie pour faire surgir, par delà les préjugés, une beauté cachée derrière le crapaud, la chauve-souris ou le rhinocéros. Pari audacieux, exigeant tant de la commissaire (cette exposition, elle l’a mûrie depuis plus d’une douzaine d’années, accumulant les sources pour ne retenir que cent vingt œuvres – mais quelles œuvres ! – souvent inconnues du public français [1], se documentant auprès des spécialistes en zoologie, en taxidermie, en histoire animalière) que des visiteurs qui devront réfléchir à la présence de telle ou telle œuvre pour percevoir la logique qui a conduit à la présenter. Si certaines toiles ou sculptures vont de soi, beaucoup supposent une méditation que l’excellent catalogue permettra d’approfondir [2].

2. Albrecht Dürer (1471-1528)
Rhinocéros, 1515
Gravure sur bois - 21,2 x 30 cm
Paris, Bibliothèque nationale de France
Photo : BnF
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Cent vingt numéros c’est peu pour un si vaste sujet dans un espace si grand, mais cela permet une scénographie élégante, aérée – elle a été talentueusement réalisée par Véronique Dollfuss – harmonisant à merveille les couleurs des cimaises avec les œuvres accrochées [3] : on verra ainsi, sur les retours qui ferment la galerie du…

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