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Art Nouveau Revival 1900. 1933. 1966. 1974

Paris, Musée d’Orsay, du 20 octobre 2009 au 4 février 2010.

1. Antonio Gaudi (1852-1926)
Miroir pour la Casa Milá, 1906-1910
Glace biseautée sur âme de bois
Paris, musée d’Orsay
Photo : RMN / René-Gabriel Ojéda
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Si l’Art Nouveau tient aujourd’hui une place majeure et incontestée dans l’histoire de l’art et compte à juste titre parmi les grands moments de notre civilisation, on oublie parfois quel mépris et quel oubli il suscitait entre les années vingt et les années soixante. La rupture de la Première Guerre mondiale avait jeté un voile indéchirable sur la « Belle époque », et malgré leur caractère fondamentalement novateur, les créations de Guimard et de Gaudi (ill.1) apparaissaient démodées tandis que le contexte symboliste qui avait imprégné l’imaginaire social, plastique et poétique de l’Art Nouveau avait cédé devant d’autres Avant-Gardes et laissé place au modernisme rectiligne de l’Art déco. Il est frappant de voir combien l’accélération de l’histoire des formes a pu nuire tout particulièrement à ce « style » international, dont l’éclosion avait été si forte et si généreuse. Comment ce qui avait été considéré d’emblée comme quasiment « futuriste » et recouvrant une vision moderne et utopiste de la société avait-il pu être aussi vite frappé d’infamie au point de paraître rétrograde et désuet ? Toujours est-il que les études savantes consacrées à l’Art Nouveau depuis une trentaine d’années et qui l’ont remis à sa juste place artistique et patrimoniale ont en fait pris le relai d’un intérêt moins raisonné et plus superficiel en apparence mais troublant parce que lié lui-même à la vie et à la création contemporaine : c’est l’histoire de ce revival, sujet compliqué mais complètement inédit, que Philippe Thiébaut conte dans le parcours synthétique de cette exposition et dans un catalogue collectif publié sous sa direction.

On aura compris que cette exposition atypique ne relève pas exactement d’un propos d’histoire de l’art mais s’inscrit plutôt dans une sorte d’histoire des mentalités et du goût, de « fortune plastique », de travail mémoriel : l’histoire des arts décoratifs du XIXe siècle a remis à l’honneur à juste titre les mouvements néo-gothique, néo-renaissance et historicistes en général, on ne voit pas pourquoi les réinterprétations de l’Art Nouveau au XXe siècle ne seraient pas susceptibles d’être étudiées. Et, certes, l’exercice ne peut pas ne pas séduire, y compris ceux, dont l’auteur de ces lignes, qui ont eu la chance, ou la malchance, de vivre dans les années 1970 et d’en connaître le vert pomme, le rose fuchsia, le mauve délavé et, bien souvent, le « mauvais goût » que l’on retrouve à dessein sur la couverture toilée et psychédélique du catalogue ! Le parfum « rétro » des années hippies, peace and love et Beatles, n’est pas la moindre saveur de cette exposition dont l’un des enseignements sera de constater que cette époque, à son tour, a franchement vieilli à nos yeux tandis que les chefs-d’œuvre de l’Art Nouveau n’ont finalement pas pris…

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