Restauration, acquisition, découverte, site internet : actualité du Musée des Beaux-Arts d’Agen

28/11/20 - Restauration, acquisition, découverte - Agen, Musée des Beaux-Arts - Au Salon de 1844, le peintre Joseph-Désiré Court exposa un grand tableau : Le duc d’Orléans posant la première pierre du pont-canal d’Agen [1] (ill. 1). L’événement eut lieu en 1839, et la toile fut commandée l’année suivante par l’État sur demande du député du Lot-et-Garonne Pierre-Sylvain Dumon. En 1842, le duc d’Orléans disparaissait dans l’accident de sa voiture à cheval à Neuilly, mais ce ne fut donc que deux ans plus tard que le tableau terminé fut présenté au Salon.


1. Joseph Désiré Court (1797-1865)
Le duc d’Orléans posant la première pierre du pont-canal d’Agen, 1844
Avant d’être amputé d’un tiers de la toile en hauteur, au début des années 1950
Huile sur toile - 430 (environ) x 305 cm
Agen, Musée des Beaux-Arts
Photo ancienne
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Théophile Thoré écrit à son propos : « La décadence de M. Court est une des plus tristes. On ne saurait imaginer un plus ridicule tableau ». Une méchanceté bien excessive, comme peuvent en dire les critiques des Salons. L’œuvre présente de belles qualités, tant de composition que d’exécution comme le prouvent les photos que nous en publions ici.


2. – Joseph Désiré Court (1797-1865)
Le duc d’Orléans posant la première pierre du pont-canal d’Agen, 1844 (état actuel)
Huile sur toile - 276 x 305 cm
Agen, Musée des Beaux-Arts
Photo : Alban Gilbert
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Très rapidement, l’œuvre fut envoyée à Agen où se situait cet épisode, d’abord exposée par la Société Académique, puis dans la galerie de peinture et enfin dans la salle de l’Agenais (aujourd’hui salle de la Pharmacie) du Musée des Beaux-Arts. Elle fut victime, après la Seconde guerre mondiale, du désintérêt pour l’art académique du XIXe siècle et de ces conservateurs de musées qui considéraient que leur propre goût était supérieur à leur mission de conservation. Envoyé à la préfecture de Lot-et-Garonne, et au passage amputé on ne sait comment d’un tiers de sa partie haute (ill. 2), le tableau servit à la décoration d’un des salons.

En 2017, une exposition consacrée au Pont-Canal a permis de faire revenir le tableau au musée, qui y fut alors redéposé par l’État. Celui-ci avait besoin d’une restauration fondamentale. C’est la demande de prêt du Musée Ingres de Montauban, qui prépare pour l’année prochaine une exposition consacrée au duc d’Orléans, qui permet aujourd’hui de mener cette restauration. Celle-ci vient juste de commencer au Centre de Conservation et Restauration du Patrimoine Artistique à Gaillac. Il s’agira de changer le châssis et de retendre la toile, de réparer les déchirures, de dépoussiérer et de nettoyer l’œuvre en procédant à un allègement du vernis oxydé, puis d’enlever les restaurations débordantes et de combler les lacunes.


3. Joseph Désiré Court (1797-1865)
Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, vers 1840
Huile sur toile - 60 x 50 cm
Agen, Musée des Beaux-Arts
Photo : Alban Gilbert
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4. Joseph Désiré Court (1797-1865)
Le duc d’Orléans posant la première pierre
du pont-canal d’Agen
, 1844 (détail)
Huile sur toile - 276 x 305 cm
Agen, Musée des Beaux-Arts
Photo : Alban Gilbert
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Nous reparlerons de ce tableau, après sa restauration, en même temps que de l’exposition consacrée à Ferdinand. Mais nous ajouterons ici, à cette occasion, l’acquisition qui nous avait échappé en 2017 d’une peinture représentant le même prince (ill. 3) auprès de la galerie Charvet à Paris, avec la participation des Amis du musée. De profil, le duc d’Orléans est très proche de sa figure dans le grand tableau (ill. 4), et porte le même uniforme. Il s’agit probablement d’un portrait effectué avant celui-ci pour sa préparation.


5. Augustin Fumadelles (1844-1924)
Gaulois
Plâtre
Agen, Musée des Beaux-Arts
Photo : Agen, Musée des Beaux-Arts
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Une autre œuvre, que l’on avait complètement perdue de vue, avait fait les frais également de ces conservateurs indignes de leur fonction, qui s’étaient débarrassés des œuvres dont ils étaient censés s’occuper parce qu’elles ne les intéressaient pas. C’est Adrien Goetz qui a raconté l’histoire dans Le Figaro de ce beau plâtre d’un Gaulois enchaîné, par le sculpteur agenais Augustin Fumadelles (ill. 5), retrouvé par le conservateur Adrien Enfedaque (avec l’aide notamment d’un volontaire du service civique, Lucas Cappuccini) dans la chaufferie du théâtre municipal ! L’œuvre, après le premier confinement et une légère restauration, a pu regagner le musée. Combien de ces sculptures en plâtre du XIXe siècle ont disparu ainsi, parfois définitivement, des musées français ? Selon Le Petit Journal, 35 statues manqueraient encore à l’appel à Agen.

Le musée ne bénéficiait pas jusqu’à maintenant d’un site internet dédié, comme encore trop de musées français hébergés sur le site de leur mairie, et parfois très pauvres en contenu. Il l’a désormais et il peut être consulté à cette adresse. On y trouve les informations sur l’actualité du musée, mais aussi une sélection d’œuvres accompagnées de notices (voir notamment celles consacrées à ces deux tableaux, par Jean-Loup Leguay, spécialiste de l’artiste). Un bon début, mais qui gagnera à être étoffé, car tous les musées français devraient avoir leur collection intégrale en ligne. Si le site est d’un graphisme agréable et d’une utilisation ergonomique, il devrait être plus fluide dans son parcours : un écran avec le logo du musée vient s’intercaler systématiquement entre tout changement de page, ce qui est à la fois inutile et un peu agaçant.

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