Réponse de Monsieur Jacques Philippon à l’éditorial « Les églises et la réforme territoriale »

Église Nativité Notre-Dame
XVe et XIXe siècle
menacée de destruction
Commune de Bouin-Plumoison
Photo : Page Facebook de
Non à la destruction de l’Eglise de Bouin-Plumoison
Voir l´image dans sa page

La tribune de l’art datée du 28 avril 2015, par un article signé par Mme Bénédicte Bonnet Saint-Georges, mentionne la proposition de la mairie de Bouin Plumoison (Pas-de-Calais) de procéder à la « déconstruction » de l’église de Plumoison.
Dans cet article, et comme malheureusement c’est assez souvent le cas dans la « Tribune » les services de l’État sont mis en cause puisqu’il est écrit que « le ministère de la culture était aux abonnés absents ».

Or rien n’est plus faux et il aurait suffit d’interroger la DRAC Nord Pas-de-Calais (STAP 62 et CRMH) pour savoir que :

 dés l’information communiquée par la mairie le 30 mars 2015 c’est-à-dire le jour même par courriel puis par courrier de l’ABF il était demandé au maire de ne pas procéder à cette démolition tant qu’avec ma collègue ABF nous ne nous étions pas rendus sur place. Parallèlement la CRMH avertissait la Fondation du patrimoine (s’agissant d’une église non protégée au titre des monuments historiques rappelons-le) de cette situation.

  enfin sous l’égide de la sous-préfecture de Montreuil sur mer et en présence du sous-préfet une réunion était proposée à la municipalité dès le 23 avril demandant que toutes les solutions soient examinées pour conserver dans son intégralité ou au maximum des possibilités techniques l’église de Plumoison. Cette réunion s’est tenue effectivement le 23 avril en présence de tous les élus, des services de l’Etat, du département du Pas-de-Calais et de la Fondation du patrimoine.

J’ajouterai que à l’inverse de ceux qui ont beaucoup écrit sur l’église en question sans la connaître, j’y suis allé et ai pu vérifier l’état de dégradation très avancé d’un bâtiment mal fondé (couche de tourbe en sous sol) et dont l’ajout de la tour du clocher par Clovis Normand a peut-être précipité la déstabilisation de l’édifice.

Depuis la réunion du 23 avril, en pleine coopération avec le maire de Bouin Plumoison, une aide technique est apportée par notre service territorial de l’architecture et du patrimoine afin de préserver au mieux tout en assurant la sécurité publique (car ne l’oublions pas la tour était en voie d’effondrement) la conservation de cette église.

Il est donc tout à fait faux de parler d’absence du ministère de la culture et de la communication alors qu’au contraire les services déconcentrés du ministère ont réagi quasi immédiatement et continuent à le faire.

En collaboration étroite avec la Fondation du patrimoine, nos services sont tout à fait attentifs et actifs pour la préservation des édifices menacés y compris les non protégées au titre des monuments historiques dont certaines églises rurales et il est dommage de vouloir ainsi opposer les partenaires alors que c’est par l’action commune et complémentaire de tous qu’on pourra relever ce véritable défi du XXIᵉ siècle.

Jacques PHILIPPON
Conservateur régional des monuments historiques

Nous réagissons ici à la réponse de Monsieur Jacques Philippon.

Conservateur régional des monuments historiques dans le Nord-Pas-de-Calais, Monsieur Philippon semble aimer envoyer des réponses à nos articles (voir aussi ici). Mais celle qu’il vient de nous adresser nous semble tout-à-fait hors de propos. Tout simplement parce que la phrase « Le salut ne viendra pas d’En-Haut, le Ministère de la culture étant aux abonnés absents quand il s’agit de patrimoine. » ne concerne pas directement, ce qui paraît évident pour quiconque lit attentivement l’article, l’affaire de Bouin-Plumoison, mais fait part d’un constat qui s’applique, hélas, à une réflexion globale sur le devenir des églises, qui était le sujet de cet éditorial. Sans doute était-ce excessif, nous le reconnaissons bien volontiers, puisque l’État n’est évidemment pas « toujours absent » quand il s’agit de patrimoine, mais si excès il y avait, cela ne concernait pas en l’occurrence cette église de Bouin-Plumoison : il ne s’agissait que d’un exemple des risques qui pèsent sur les églises en France. Si une réponse des services centraux du ministère de la Culture aurait donc pu se concevoir, nous ne comprenons pas bien que celle-ci provienne de la Drac Nord-Pas-de-Calais. Si nous ne l’avons pas appelée, c’est que nous ne la mettions pas en cause dans cet article. Nous mettions en cause la municipalité de Bouin-Plumoison que nous avons bien sûr contactée et qui ne nous a jamais répondu.

Nous nous réjouissons cependant de constater que la DRAC n’a pas été inactive sur ce dossier, ce qui a peut-être d’ailleurs contribué – le courrier de Monsieur Philippon nous permet d’en faire part ici – à ce que la nef ne soit pas détruite, seul le clocher devant être démoli (voir ici) - ce qui, on en conviendra, n’est cependant pas une solution complètement satisfaisante. Il reste que le constat d’une absence de réflexion globale du ministère de la Culture sur le devenir des églises et sur les moyens de faire face aux dangers qui les menacent (en particulier les regroupements de communes) demeure, hélas, entier. Nous serions très heureux de recevoir une réponse argumentée qui nous démente sur ce point. Nous serions aussi tout à fait prêt à participer à cette réflexion si elle devait avoir lieu.

Didier Rykner, directeur de la rédaction de La Tribune de l’Art

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