Quelques tableaux récemment acquis par le musée départemental de l’Oise à Beauvais.

Charles-Camille CHAZAL (1825-1875)

La Visitation

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Huile sur toile. H. 61 ; L. 51. Hist. : Acquis en 2000 dans le commerce d’art parisien par le Conseil général de l’Oise pour le Musée départemental avec le concours du Ministère de la Culture et du Conseil Régional de Picardie au titre du FRAM.

On sait fort peu de choses de cet artiste, fils d’Antoine Chazal, peintre de fleurs surtout connu aujourd’hui pour avoir peint le Yucca gloriosa, tableau célébré par Baudelaire et récemment rentré au musée du Louvre après avoir été considéré comme disparu en 1871.
Charles-Camille pour sa part, élève de Michel-Martin Drolling et de François-Edouard Picot, exposa régulièrement au Salon de 1849 à 1874, principalement des portraits, des peintures de genre et des scènes religieuses.
La Visitation acquise par Beauvais est typique de la manière de nombreux peintres religieux du milieu du XIXe siècle, élèves de Picot ou de Paul Delaroche. D’une composition très classicisante, à laquelle se mêlent quelques notations réalistes et anecdotiques (la vigne vierge qui s’accroche au bâtiment de l’arrière-plan), on note également une grande suavité, une réelle douceur qui rappelle les œuvres de Charles Landelle ou d’Edouard Cibot.

Inv. 000.6.1

Thomas COUTURE (1815-1879)

La Vierge, consolatrice des affligés, esquisse pour la peinture murale de la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Eustache à Paris

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Huile sur toile. H. 33,3 ; L. 41,2.
Hist. : Acquis en 2000 dans le commerce d’art parisien par le Conseil général de l’Oise pour le Musée départemental avec le concours du Ministère de la Culture et du Conseil Régional de Picardie au titre du FRAM.
Thomas Couture décora la chapelle absidiale de l’église Saint-Eustache, dédiée à la Vierge, de 1851 à 1854. Il y peignit trois grandes compositions dont Bruno Foucart dit avec raison qu’elles « introduisaient superbement dans une église la peinture de genre à laquelle on consent la dignité de la peinture murale [1] ». De gauche à droite, on trouve les scènes suivante : la composition que prépare cette esquisse, puis La Vierge, étoile des marins et enfin La Vierge triomphante entourée par des anges.
Le tableau nouvellement acquis par Beauvais ne présente pas de variante notable avec l’œuvre définitive. Il peut s’agir d’un modello destiné à être présenté à la Commission des Beaux-Arts de la Préfecture de la Seine, dont l’approbation était nécessaire avant de réaliser la commande, plutôt que d’un ricordo qui n’aurait probablement pas ce caractère si esquissé.
Le musée de Beauvais conservait déjà une réplique partielle autographe de cette œuvre [2], acquise en 1983 et de taille beaucoup plus conséquente (H. 190 ; L. 130), reprenant le groupe des trois femmes à gauche agenouillées devant la statue de la Vierge.

Inv. 000.11.1

Alfred DEDREUX (1810-1860)

La chasse au vol sous Charles VII

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Huile sur toile. H. 43 ; L. 58.
Hist. : Acquis en 2002 dans le commerce d’art parisien par le Conseil général de l’Oise pour le Musée départemental.

L’esquisse de Beauvais est préparatoire à un tableau présenté, avec son pendant (Chasse à cour sous Louis XV), au Salon de 1846 et conservé dans une collection particulière. Alfred Dedreux (et non de Dreux) est surtout connu pour ses portraits mondains, souvent équestres. Malgré leurs belles qualités, ils sont quelque peu sous-estimés. L’artiste vaut pourtant mieux que la réputation qui lui est faite, comme l’a démontré, il y a quelques années, l’exposition de la Fondation Mona-Bismarck. Des œuvres comme celle acquise par le musée départemental ou le tableau récemment acheté par le musée du Louvre (Fidélité) confirment que Dedreux est un authentique peintre romantique. Dans le communiqué de presse qui accompagnait cette acquisition, la conservation du musée comparait, avec raison, la facture de cette esquisse à celle d’un artiste comme Bonington. La liberté de la touche qu’on admire ici n’est d’ailleurs pas uniquement présente dans les tableaux préparatoires : dans ses grands formats, Dedreux fait preuve de tout autant de vigueur.

Inv. 002.7.1

Paul DELAROCHE (1797-1856)


La Madeleine se rendant à Marseille, esquisse pour le projet de décoration de l’église de la Madeleine à Paris.

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Huile sur millboard. H. 21 ; L. 43.
Hist. : 12 et 13 juin 1857, vente Paris Hôtel Drouot, n° 22 ; acquis en 2001 dans le commerce d’art parisien par le Conseil général de l’Oise pour le Musée départemental.
Bibl. : Norman D. Ziff, Paul Delaroche. A Study in Nineteenth-Century French History Painting, New York, 1977, p. 284, n°74.
Des six esquisses peintes par Paul Delaroche pour le décor de la Madeleine, et passées dans sa vente après décès, cinq sont aujourd’hui connues. Deux sont conservées au Musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg (La Madeleine au Sépulcre et La Madeleine au pied de la croix, une troisième à la Wallace Collection à Londres (La Madeleine écoutant la parole du Christ. Deux sont réapparues récemment sur le marché de l’art.
La galerie Talabardon-Gautier à Paris a présenté l’une d’elle en 2002, La Madeleine chez Simon le Pharisien [3], et la dernière a été judicieusement acquise la même année par le musée départemental de l’Oise. Comme les autres, elle est peinte à l’huile sur millboard (carton préparé).
Contrairement à ce qui est partout répété, Jules Ziegler n’a probablement pas intrigué pour "voler" à Delaroche le décor de l’abside. Des documents d’archives démontrent que la commande à ce dernier ne portait effectivement que sur les six lunettes des côtés de l’église (communication de Stéphane Guégan, auteur d’une thèse encore inédite sur Jules Ziegler). Peut-être, au plus, Delaroche avait-t-il eu une promesse orale de Thiers, mais cela n’est pas prouvé. D’ailleurs, si les esquisses dessinées ou peintes de Delaroche pour ce décor sont nombreuses, on ne connaît aucun projet de sa main pour l’abside. Après l’abandon de Delaroche, Ingres ayant refusé la commande, les six lunettes furent réparties entre plusieurs artistes (Jean-Victor Schnetz, François Bouchot, Emile Signol, Auguste Couder, Léon Cogniet et Alexandre Abel de Pujol).
Des six esquisses de cette série, une seule reste désormais à retrouver, La mort de la Madeleine.

Inv. 001.9.1


Jean-Auguste Dominique INGRES (1780-1867)

La Vierge en buste

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Papiers marouflés sur toile. H. 45 ; L. 31.
Hist. : Vente Drouot, 12 mars 1999, étude Calmels-Chambre-Cohen, lot n°28, comme "attribué à Ingres" ; Paris, marché de l’art ; acquis en 1999 par le Conseil Général de l’Oise pour le musée départemental avec le concours du Ministère de la Culture et du Conseil Général de Picardie au titre du FRAM.
Bibl. : Supplément la Chronique des Arts - Principales acquisitions des musées en 1999, La Gazette des Beaux-Arts, n° 3, année 2000.
Ingres a multiplié les toiles représentant la Vierge, depuis les années 1820 (La Vierge au voile bleu, localisation actuelle inconnue) jusqu’à la fin de sa vie (La Vierge couronnée, datée de 1859, localisation actuelle inconnue), en passant par les nombreuses variantes autour de la Vierge à l’hostie.
Alors que ses tableaux, même lorsqu’il s’agit d’études, ont souvent un aspect très fini, cette Vierge paraît esquissée ou inachevée, principalement dans sa partie inférieure. La facture semble plus relâchée qu’à l’ordinaire. Un dessin présente pourtant une parenté à la fois formelle et stylistique avec le tableau de Beauvais. Daté de 1866, soit un an avant la mort de l’artiste, il représente la Vierge vue à mi-corps (présenté par la galerie Arnoldi-Livie, Münich, en 1982). Le trait y est un peu vacillant (Ingres a alors 86 ans), la Vierge ne prie pas, mais replie ses mains en une attitude modeste et contrite, voisine de celle de Beauvais. Malgré les différences de technique, les deux œuvres sont d’un esprit proche et partagent le même climat de recueillement. Nous proposons donc, à titre de fragile hypothèse, de dater la Vierge de Beauvais des années 1860, voire de l’ultime production de l’artiste. Quelle que soit la date de cette peinture, il s’agit sans aucun doute d’une acquisition majeure pour le musée départemental.

Ingres, Vierge
Crayon sur papier ; 28 x 15 cm
signé, daté et dédicacé 1866
Localisation actuelle inconnue
© D.R.
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Inv. 999.14.1

Jean MURAT (1807-1863)

Le Concert

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Huile sur toile. H. 82 ; L. 65.
Signé en bas, à gauche J. Murat
Hist. : Acquis en 2002 dans le commerce d’art amiénois par le Conseil général de l’Oise pour le Musée départemental avec le concours du Ministère de la Culture et du Conseil Général de Picardie au titre du FRAM

Après au moins neuf essais infructueux, Jean Murat, élève de Regnault et de Blondel, obtint le prix de Rome en 1837 sur le sujet du Sacrifice de Moïse (tableau conservé à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts à Paris). Le point le plus récent sur l’artiste est dû à Georges Vigne dans le catalogue de l’exposition dédiée aux élèves d’Ingres (Montauban et Besançon, 1999/2000). S’il ne fut en réalité pas directement élève de ce dernier, son séjour à l’Académie de France à Rome correspondit en partie au directorat d’Ingres dont il copia le Christ remettant les clés à Saint Pierre, afin de remplacer l’original dans l’église de la Trinité des Monts.
Parmi les compositions de Murat citées par les sources, aucune ne correspond au Concert de Beauvais. Il a été suggéré que le sujet pourrait évoquer un psaume de David : « Près des rives du fleuve à Babylone, nous étions dans l’affliction et nous suspendîmes nos harpes aux branches des saules [...] », interprétation possible d’un sujet dont le traitement se situe entre l’orientalisme un peu artificiel d’Horace Vernet et le courant néo-grec qui sera illustré par d’autres prix de Rome comme Papety ou, plus tardivement, Gustave Boulanger.

Inv. 002.1.1

Nous remercions Mme Josette Galiègue, conservateur en chef du musée départemental de l’Oise, pour nous avoir autorisé à publier ces tableaux. Merci également pour leur aide à Mme Véronique Laurent et M. Philippe Levasseur.

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