Pont des Trous à Tournai : l’argument des vandales

Le Pont des Trous (Tournai)
État actuel
Photo : Benoît Brummer (CC BY-SA 4.0)
Voir l´image dans sa page

Alors que le conseil communal de Tournai a voté - sans surprise - il y a quelques jours la démolition des arches du Pont des Trous (voir la brève du 21/1/19), certains défenseurs de ce vandalisme viennent nous dire que ce n’est pas grave puisque le pont avait été en partie détruit pendant la Seconde guerre mondiale et que le monument actuel est donc en quelques sorte un pastiche moderne.

Cette affirmation est absurde et scandaleuse de plusieurs points de vue qu’il est nécessaire de signaler.

 le Pont des Trous a certes été en partie reconstruit après la guerre, mais cela concernait essentiellement l’arche centrale. L’ensemble des arches avait à cette occasion été surélevé pour, déjà, laisser passer des bateaux de plus grand gabarit. Ce n’était pas une bonne idée, bien entendu, mais cette reconstruction a néanmoins été effectuée en respectant l’esthétique d’origine, au point qu’il n’est pas vraiment facile de distinguer les différences avant et après.

 Les reconstructions de bâtiments détruits après des conflits sont innombrables. Ils s’apparentent d’ailleurs plus à des restauration, parfois lourdes, qu’à de réelles reconstructions. On peut, par exemple, citer les cathédrales françaises touchées par les deux conflits mondiaux. Sous prétexte qu’elle fut en partie reconstruite après la Première guerre mondiale - au plus près de l’original - imaginerait-on de dénaturer la cathédrale de Reims en remplaçant ses parties refaites par une architecture sans aucun rapport avec son architecture d’origine ?

 L’arche centrale du pont a certes été reconstruite, ses deux arches latérales ont été surélevées, mais le reste du monument est parfaitement d’origine. Lui substituer une arche moderne, que les habitants appellent déjà l’arche Mac Donald tant elle ressemble au logo de cette chaine de restauration rapide, aura pour effet de détruire aussi, d’une certaine manière, cette partie parfaitement authentique qui n’aura plus aucun sens dans ce contexte.

 Le pont, qui plus est, a été classé monument historique le 6 mai 1991. Cela concernait évidemment aussi bien la partie d’origine que celle reconstruite.

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Ceux qui soutiennent la destruction de ce pont médiéval ont tout intérêt à lui refuser ce qualificatif et à le faire passer pour une reconstruction moderne. Agissant ainsi ils démontrent qu’ils ne sont pas seulement des vandales, ils sont des ignorants.

Si vous ne l’avez pas déjà fait, signez la pétition.

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.