Notre-Dame : menaces sur le square de l’Archevêché

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Ils courent comme des poulets sans tête, en tout sens, sans la moindre idée de ce qu’ils font, ni même de ce qu’il faut faire. Voilà à quoi ressemblent les politiques actuellement en charge de Notre-Dame, bien loin du calme et de l’efficacité des spécialistes du patrimoine qui continuent de sécuriser le monument.


1. Notre-Dame, avec le square de l’Archevêché
Photo : Didier Rykner
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Et alors que la loi d’exception n’est pas encore votée, voilà qu’on peut voir en direct les conséquences de l’absence de règles et de respect des lois. Comme si l’incendie n’avait pas fait suffisamment de dégâts, un élément patrimonial majeur, inséparable depuis le XIXe siècle de la cathédrale, est menacé : le square de l’Archevêché (appelé aujourd’hui square Jean XXIII), créé en 1837 par le préfet Claude-Philibert Barthelot de Rambuteau (ill. 1 et 2).

Ce sont les associations SOS Paris, FNE Paris et ARBRES qui ont alerté la presse par un communiqué envoyé aujourd’hui en début d’après-midi. Elles expliquent que « d’importants travaux d’installation de chantier nécessaires à la restauration et sécurisation de Notre Dame ont commencé dans le square […] de l’Archevêché », que « les bancs, lampadaires, fleurs et massifs » ont été enlevés, et qu’une grand dalle de béton a été coulée sur le sol. Elles expliquent surtout qu’il serait question d’abattre « 42 tilleuls, 12 cerisiers et un orme, tous en bonne santé » ce qui constituerait une atteinte gravissime au patrimoine parisien.


2. Vue du square de l’Archevêché
Photo : Didier Rykner
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Il est impossible d’entrer dans le square, et nous n’avons pas pu vérifier l’enlèvement du mobilier. En revanche, nous avons pu voir la dalle de béton qui se trouve effectivement posée (et non coulée) sur le sol non loin de la cathédrale (ill. 3). Ce type d’installation est utilisé en général pour installer des baraquement provisoires du type « Algeco » afin de servir de base de vie aux gros chantiers. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé la Ville de Paris au Parisien, tout en précisant ne pas avoir participé à l’opération qui se déroule pourtant sur un site municipal. Selon nos informations, la décision d’abattre ou non les arbres devrait être prise demain lundi après-midi. L’Hôtel de Ville, toujours selon le Parisien, assure qu’ « aucun arbre ne sera abattu » et qu’elle sera « très vigilante sur ce point » (ce qui confirme donc que l’option est bien envisagée). Mais il semble que sur ce dossier la Ville ne soit pas moteur.


3. Dalle de béton posée dans le square de l’Archevêché
Photo : Didier Rykner
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Qui, d’ailleurs, est actuellement à la tête de ce chantier qui n’a pas encore commencé ? Le flou est total. Pas le général Georgelin puisque l’établissement public dont il doit prendre la tête n’est évidemment pas encore créé et qu’il n’a pour l’instant aucun rôle opérationnel officiel. Pas la Ville de Paris non plus… Qui donne les autorisations ? Ont-elles même été demandées ? On constate déjà les dégâts d’une précipitation sans aucune raison valable. Comment peut-on même envisager des coupes d’arbre dans un site classé, aux abords d’un monument classé ? Cela donne une idée de ce qui risque d’arriver le jour où les codes du patrimoine et de l’environnement seront suspendus pour Notre-Dame, après le vote de la loi d’exception.
Nous avons, bien entendu, contacté à la fois l’Élysée, le ministère de la Culture, la DRAC Île-de-France et la Ville de Paris pour en savoir davantage mais sans surprise, surtout un dimanche soir, nous n’avons eu aucune réponse (nous n’avons d’ailleurs que rarement des réponses à nos questions lorsque nous les interrogeons).

Pourquoi, d’ailleurs, installer les infrastructures nécessaires au chantier dans le square de l’Archevêché ? De nombreux autres emplacements existent qui ne menaceraient aucun arbre et permettraient de laisser le square intact (et permettrait de le rouvrir rapidement aux visiteurs et aux touristes). Par exemple le parvis de Notre-Dame lui-même, ou alors l’Hôtel-Dieu qui est désormais en grande partie vide. Voilà le type de choses qui doivent être décidées après réflexion, et non dans l’urgence.
On ne peut imaginer qu’à l’incendie de Notre-Dame se rajoute la perte d’arbres en bonne santé qui sont des éléments essentiels du paysage des rives de la Seine, dont il faut rappeler qu’elles sont classées au patrimoine mondial de l’humanité. Comme le disent les associations : « reconstituer un paysage végétal sera bien plus long que restaurer Notre Dame. »

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