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Museum connection. Enquête sur le pillage de nos musées

Auteurs : Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy

Voilà un livre qui défie la critique. Il n’est pas une page en effet qui ne contienne une erreur, un amalgame douteux, une digression totalement hors sujet ou un argument de mauvaise foi.
Si le monde de la culture et des musées est souvent critiquable, il n’est nul besoin de créer des scandales imaginaires. On pardonnera à l’auteur de ces lignes de s’attarder aussi longtemps sur un aussi mauvais ouvrage. Mais vu la médiatisation à laquelle celui-ci semble déjà promis (voir à ce propos l’annexe à cet article, en bas de page), il est nécessaire d’en démonter la mécanique, avec des arguments concrets et incontestables.

Sa thèse est simple : le marché de l’art et le personnel des musées (au premier rang desquels les conservateurs) sont unis pour, soit par cupidité, soit par négligence, mener les musées à leur perte par le vol ou la disparition des œuvres d’art leur appartenant. D’après la quatrième de couverture : « les prédateurs sont au cœur de l’institution » ! Pour crédibiliser ses élucubrations, Emmanuel Pierrat s’est affublé d’un co-auteur sous pseudonyme qui serait un conservateur travaillant dans un grand musée. Peut-être, mais l’on s’étonne qu’une telle personne puisse avoir laissé passer toutes les erreurs factuelles que contient ce livre [1].

Un de ses aspects remarquables est l’absence quasi complète de révélations. On cherche en vain les témoignages de première main qui nous sont promis en quatrième de couverture. Il ne s’agit absolument pas d’une enquête mais plutôt d’une revue de presse commentée de toutes les affaires sorties ces dernières années [2], voire même au XIXe siècle puisque l’on est gratifié d’un long développement (p. 97-98) sur les vols commis dans les années 1840 (!) par un Inspecteur des bibliothèques, le comte Libri...
Dans ce livre, pour reprendre un trait d’humour fameux, beaucoup de choses sont vraies et beaucoup de choses sont nouvelles. Malheureusement, dans bien des cas, ce qui est vrai n’est pas nouveau et ce qui est nouveau n’est pas vrai.... Et parfois, ce qui n’est pas nouveau n’est même pas vrai : il est faux par exemple de dire que l’opération d’Atlanta rapporte au Louvre 15 millions d’euros (p. 189). C’est en réalité 5,5 millions d’euros, soit à peine plus d’un tiers.
Pour étayer sa démonstration, l’auteur emploie un certain nombre de techniques bien rodées qui peuvent tromper ceux qui ne connaissent pas les arcanes de nos musées. Ces procédés sont cependant utilisés d’une manière si grossière qu’il n’est pas très complexe de les débusquer.

Première technique : pratiquer l’amalgame. Dans cet ouvrage, on trouve de tout, mélangé et monté en épingle dans un melting-pot indigeste. Sont ainsi traités des sujets directement en rapport avec le thème du livre comme le récolement organisé depuis 1996 sous la direction de Jean-Pierre Bady, les réserves des musées, les dépôts du Mobilier National, certains vols ou détériorations d’œuvres d’art dus à des manquements internes aux établissements, des cas…

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