Mensonge ou ignorance ?

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Roselyne Bachelot, ministre de la Culture
Photo : Didier Rykner
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Nous avons écrit déjà à plusieurs reprises que la ministre de la Culture est mal entourée. Cela se voit notamment pour les conseils qui lui sont donnés dans les affaires de la chapelle Saint-Joseph ou du parc de Saint-Cloud. Mais en plus, cette administration qu’elle connaît pourtant bien refuse d’appliquer les directives qu’elle lui donne, ce qui est au moins aussi ennuyeux.

Lors de l’interview que nous avions faite de Roselyne Bachelot, nous étions sorti avec deux promesses de la ministre : nous recevrions les réponses données par le Louvre à propos des dysfonctionnements que nous lui reprochons, et nous aurions enfin des dossiers sur quelques cas d’œuvres d’art exportées n’ayant pas été reconnues comme « trésors nationaux » alors qu’elles l’auraient assurément mérité. Deux promesses de Roselyne Bachelot, mais nous n’avons toujours rien reçu.

La rencontre avec la ministre date du 4 décembre. Le 29 décembre, alors que nous nous inquiétions auprès de Jean-Baptiste de Froment, son conseiller patrimoine, de n’avoir toujours rien, celui-ci nous écrivait : « Vous aurez vos réponses début janvier, sans doute pas le 4 cependant. Il n’y a aucun blocage de notre part, mais figurez-vous que la fin de l’année a été assez chargée et qu’en ce moment beaucoup sont partis en vacances. » Une excuse assez peu crédible (car les vacances de fin d’année commencent vers le 20 décembre, pas le 5 décembre) et qui s’est avérée totalement spécieuse. Car aujourd’hui, six semaines plus tard, vendredi 15 janvier, alors que nous ne sommes donc plus « début janvier » et que nous avons relancé à nouveau Jean-Baptiste de Froment le 12 janvier, nous n’avons toujours rien reçu. Une fois de plus, le ministère refuse de nous communiquer des éléments que nous lui demandons, et qui cette fois était promis par la ministre. Le vieil adage se révèle une nouvelle fois exact : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et une fois de plus, nous sommes le naïf qui y a cru.


Roselyne Bachelot a-t-elle menti ? Ou ses services organisent-ils volontairement cette rétention d’informations, sans qu’elle soit au courant ? Nous pensons qu’elle était sincère. Il est donc probable que la deuxième hypothèse soit la bonne. Mais si tel est le cas, il faut qu’elle en tire les conséquences. Car non seulement le ministère refuse d’appliquer ses directives, mais il poursuit sa politique désastreuse. Nous pourrions ajouter l’absence de réponse à une question posée il y plus d’un an (!) sur l’exportation d’un tableau de Girodet avec une estimation clairement sous estimée et sans passeport (voir l’article), ou l’invraisemblable apathie de la direction des patrimoines lorsqu’il s’agit de récupérer deux fragments d’un tableau du Guerchin alors que les propriétaires sont d’accord pour les restituer [1] (voir les articles), ou encore les menaces sur la Butte Rouge que le ministère feint de protéger, ce qui est éminemment douteux (voir notre article). Depuis un mois et demi, aucun des dossiers que nous avons évoqués avec la ministre n’a avancé dans le bon sens, bien au contraire. L’inspection des patrimoines a disparu et ses fonctions diluées dans une délégation (voir l’article), les seuils des trésors nationaux ont été relevés sans qu’aucune réflexion globale n’accompagne cette mesure, les étangs de Corot ont été massacrés, l’enceinte du parc de Saint-Cloud est toujours menacée même si les travaux semblent suspendus, la chapelle Saint-Joseph sera bientôt démolie... Le ministère de la Culture, dont la mission est de protéger le patrimoine, persiste à faire l’inverse. Les collaborateurs de la ministre, notamment son conseiller patrimoine ou son directeur général des patrimoines et de l’architecture, ne sont décidément pas à leur place. Elle semble être une des seules à ne pas s’en être encore aperçu.

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