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Mantegna 1431-1506

 En 2006, le cinq-centième anniversaire de la mort d’Andrea Mantegna avait donné lieu à différentes manifestations en Italie du Nord, notamment sur les lieux même où l’artiste avait donné la pleine mesure de son talent durant toute la seconde moitié du Quattrocento [1]. Mais ni Mantoue ni Padoue ne s’étaient alors risqués à une monographie embrassant toute la carrière de l’artiste, et la dernière vraie rétrospective s’était montée à Londres et à New York en 1992 [2]. C’est aussi au début des années 1990 que Dominique Thiébaut initia un projet de longue haleine qui, d’une exposition-dossier sur les œuvres de Mantegna dans les collections françaises, aboutit à un vaste panorama qui croise le parcours singulier de l’artiste et l’évolution des arts d’Italie du Nord entre 1440 et 1510 environ [3]. Cette vision davantage contextuelle que purement monographique compense avec brio des absences immanquables aux yeux des spécialistes : la preuve, encore une fois, qu’une exposition réussie ne se résume pas à une accumulation de chefs-d’œuvre, et que l’on peut avoir un discours très pédagogique et complet sur Mantegna en n’exposant qu’un seul des Triomphes de César des collections royales britanniques ou en se passant (avec raison et sagesse, vu l’extrême fragilité du tableau) de l’iconique Christ mort de la Brera. Le propos scientifique est de plus agréablement souligné par une scénographie à la fois sobre et efficace, signée par l’ancien directeur de la Villa Médicis, Richard Peduzzi : les grands murs rouges s’accordent dans l’ensemble assez bien à la palette vive de Mantegna, et l’accrochage réussit à donner une certaine majesté aux compositions les plus monumentales malgré une hauteur sous plafond limitée. Quant au catalogue accompagnant la présentation, il reprend très fidèlement le parcours thématique des salles, avec un essai introductif pour chacune des dix sections, suivies d’un court texte sur la postérité de Mantegna en France au XVIe et au XVIIe siècles ainsi que d’un plan du palais ducal de Mantoue et d’une généalogie des Mantoue, documents plus que bienvenus. Cette dense publication de près de 500 pages devrait devenir incontournable dans les études sur l’art italien du Quattrocento, tant les textes sont remarquables par leur érudition et leur analyse, accompagnés d’un appareil iconographique conséquent. Seule petite déception : le cartel des œuvres peintes indique le support sans préciser le médium ; or, l’on sait que Mantegna a utilisé, à côté de la traditionnelle tempera, de la colle ou de la caséine (c’est le cas du grand Saint Sébastien du Louvre) comme liant pour sa peinture. Le lecteur qui souhaiterait une simple introduction à Mantegna pourra toutefois s’en tenir aux deux textes d’ouverture des commissaires, celui de Dominique Thiébaut sur les tenants et les aboutissants d’une exposition Mantegna au Louvre et l’essai de Giovanni Agosti introduisant parfaitement à la carrière de l’artiste et à la réception de son œuvre à l’époque…

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