Les publicités géantes se multiplient sur la Seine

2/4/11 - Patrimoine - Paris - Nous l’avions prévu (voir l’article), cela n’a pas mis longtemps à arriver. Après Orsay qui a ouvert le bal, le Louvre a suivi peu après (ill. 1) et c’est dorénavant la Conciergerie (ill. 2) qui s’est couverte d’une immense publicité. Cette dernière, dont le responsable est le Ministère de la Justice (et non le Centre des Monuments Nationaux comme nous l’avions écrit par erreur [1], est par ailleurs dans l’illégalité puisque les mentions qui doivent obligatoirement être appliquées sur le chantier n’y figurent même pas.


1. Palais du Louvre, façades recouvertes
de la publicité Bréguet
2 avril 2011
Photo : Didier Rykner
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2. La Conciergerie, façade recouverte
d’une publicité Dior
2 avril 2011
Photo : Didier Rykner
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Les rives de la Seine sont donc désormais en passe de devenir un grand couloir publicitaire, et ce n’est probablement pas terminé. Le responsable doit être clairement désigné : c’est l’Etat qui a laissé passer une loi autorisant ce type d’affichage sur des monuments historiques (qui devraient théoriquement en être protégés), ce que ses établissements publics s’empressent de mettre en œuvre [2]
Au contraire, ce sont les chantiers privés qui sont vertueux. Ni celui de l’Hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis, ni celui de l’Hôtel Crillon (ill. 3) ne sont recouverts de publicités. Bien au contraire, ce dernier a pris soin de dessiner sur les bâches la façade de l’édifice, camouflant au mieux les travaux en cours.


3. Hôtel Le Crillon place de la Concorde
L’échafaudage est recouvert d’une reproduction de la façade
25 janvier 2011
Photo : Didier Rykner
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4. Façade de l’immeuble 68, rue de la République à Lyon
donnant sur la Place Bellecour recouverte
d’une publicité pour Chrome
janvier 2011
Photo : D. R.
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Paris imite donc Venise, alors que celle-ci devrait justement voir disparaître ces scandaleuses affiches. D’après The Art Newspaper en effet, le nouveau ministre de la Culture italien, Giancarlo Galan a déclaré au journal La Nuova Venezia du 29 mars que ces publicités géantes seraient supprimées. Paris et la France (car Lyon, par exemple, place Bellecour, est également concernée - ill. 4) vont donc avoir désormais le douteux privilège d’être le seul endroit où les publicités sur les monuments historiques sont autorisées. Car il faut tordre le cou à l’argument que ces affiches sont temporaires. Individuellement, certes, elles le sont. Mais lorsque tous les chantiers en seront couverts, ce sera bien une pollution mouvante mais permanente à laquelle nous aurons droit.
Les rives de la Seine étant classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’avis de cette institution, qui a déjà la France en ligne de mire à propos de plusieurs sites, sera certainement intéressant à recueillir. On peut aussi espérer que les responsables des grands musées internationaux qui ont pétitionné contre ce type d’installations à Venise se mobiliseront aussi pour Paris, à moins que la participation de leurs pairs au Louvre et à Orsay ne les en empêche...

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