Les inquiétants projets de réforme des deux Musées royaux bruxellois et de l’Institut royal du Patrimoine artistique

On ferme !

Nous avions déploré ici, en novembre 2009, les plus criants vices de fonctionnement frappant aussi bien les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique que les Musées royaux d’Art et d’Histoire : salles fermées par manque de gardiens ou pour cause de travaux, présentation souvent médiocre, inexistence de catalogue (voire d’inventaire !), personnel insuffisant, activité scientifique réduite, manque de moyens financiers et maigre politique d’acquisition etc. Le tableau n’était guère brillant et particulièrement inacceptable si l’on songe à la richesse de leurs collections. Mais on pouvait encore espérer que, moyennant une réelle volonté d’aboutir des directeurs, des hommes politiques concernés et du monde de l’administration, des améliorations seraient réalisables sans trop de difficulté et que l’on saurait mettre en œuvre des mesures aussi élémentaires que l’engagement de personnel et l’achèvement de travaux entamés depuis de nombreuses années. Deux ans et demi plus tard, le constat est plus que navrant. C’est à une marche à reculons que l’on a assisté. Au lieu de s’améliorer, la situation n’a fait qu’empirer. Le plus désolant a été, car elle n’est pas liée à la fatalité ou à un regrettable concours de circonstance, la décision prise en février 2011 par le directeur général en fonction, de fermer, sans justification clairement exposée, les salles où était montrée une grande partie des collections d’art moderne des Musées des Beaux-Arts. Chose inhabituelle en Belgique où la culture ne mobilise généralement pas grand monde, cette fermeture intempestive a créé un vif tollé et donné naissance à un mouvement vigoureux de contestation et de revendication soutenu avec opiniâtreté [1]. Surpris par l’indignation générale, le directeur des musées semble avoir découvert l’ineptie de la situation qu’il a lui-même créée et a dit, non sans une incroyable ingénuité, qu’il allait chercher une réponse au problème (pourtant élémentaire pour le conservateur d’une collection publique) de l’accessibilité des collections dont il a la responsabilité. Le ministre Paul Magnette, compétent en matière d’institutions scientifiques fédérales, s’est lui aussi manifesté et a fait part de son intention de mettre de l’ordre dans la boutique : « Je tente, en collaboration avec la Régie des bâtiments, a-t-il déclaré, de trouver une solution provisoire permettant à court terme, d’exposer à nouveau une grande partie de ces œuvres » [2].

Des contestataires se manifestent, mais pas assez

Confiants en cette promesse et préjugeant du sérieux avec lequel le problème serait abordé, les mécontents décidèrent de suspendre momentanément leur action. Pour légitimes et sympathiques qu’elles soient, les réclamations des contestataires exigeant que « leur collection » d’art moderne soit visible sans entraves n’en sont pas moins tout à fait insuffisantes. Car la vision qu’ils ont du problème n’est que partielle. On comprend et partage volontiers leur déception, et il faut s’associer sans réserve à leur mouvement et lui donner plus d’ampleur. Mettons donc en évidence les nombreux autres motifs de mécontentement que suscite la gestion récente des Musées en question. Nous avons parlé, ici, il y a peu des collections de sculpture baroque et néo-classique des Musées royaux dont personne ne semble fort se soucier. Étendons le propos et rappelons aussi que ce ne sont pas seulement les « modernes récents » qui ont été éjectés du Musée d’Art Moderne, mais aussi une proportion considérable des œuvres créées aux XIXe et XXe siècles. On se souviendra aussi que les salles dites les « extensions » du musée, où étaient exposés les tableaux des XVe et XVIe siècles, sont fermées depuis plus de 10 ans pour cause de travaux de désamiantage dont personne n’a jamais précisé à quel stade d’avancement ils se trouvaient (pour peu qu’ils aient jamais commencé !). On peut espérer que le ministre Paul Magnette qui paraît découvrir maintenant seulement le caractère scandaleux de la fermeture du Musée d’Art moderne [3], va également intervenir pour ces salles. Aucun calendrier n’a encore été annoncé. Il en résulte que pour l’instant et depuis des années, seule une sélection des collections anciennes est montrée au public au détriment de cette autre partie des collections que constituent les tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles. Qui plus est, la salle restée ouverte au public où étaient encore exposées les esquisses de Rubens, pièces maîtresses incontestées des collections, a été fermée elle aussi, il y a plus d’un an déjà. Un mot apposé à la porte explique au visiteur que des « mauvaises conditions climatiques persistantes » (sic) « rendent les locaux temporairement (sic) inaccessibles ». La vérité est que le système de climatisation est défectueux et qu’après un an et demi « on » n’a pas été capable d’y remédier [4].

Le remède proposé : des usines à gaz et trois casquettes

Il est plus qu’urgent de s’inquiéter non seulement de ce qui se passe dans les Musées mais aussi et surtout de ce qui se prépare. S’inquiéter : le mot n’est pas trop fort. En effet, le ministre Magnette, épaulé par l’Administration de la politique scientifique fédérale présidée par Philippe Mettens, vient de rendre public un plan de réforme des Institutions Scientifiques de l’Etat. En font notamment partie les Musées royaux des Beaux-Arts, les Musées royaux d’Art et d’Histoire (communément appelés Musées du Cinquantenaire) et l’Institut royal du Patrimoine artistique. Ces trois institutions fonctionnent aujourd’hui de manière autonome mais le projet actuel prévoit de les réunir sous une direction commune, nommée « Pôle Art » [5]. Personne ne cache que cette nouvelle fonction sera dévolue à Michel Draguet [6], actuel directeur général des Musées des Beaux-Arts et d’ores et déjà directeur ad interim du Cinquantenaire, cette dernière désignation ayant été sévèrement contestée en son temps par son challenger Constantin Chariot. S’il s’agissait de saines mesures administratives de gestions financière et matérielle visant à la simplification du fonctionnement, donc à des économies, on ne devrait que se réjouir. On est loin du compte. Car derrière cet apparent souci de rationalisation destiné à endormir l’opinion publique se cachent des projets séduisants à première vue mais qui se révèlent impossibles à mettre sur pied car ils supposent que l’on puisse disposer de budgets illimités. Plus grave, ils n’ont pas de réels fondements scientifiques non plus. On y reviendra. Il apparaît clairement que ces projets sont cuisinés pour servir des ambitions personnelles. Car une fois celles-ci satisfaites et après l’inauguration démagogique de quelque section scandaleusement privilégiée au détriment des autres collections des deux Musées royaux, tout le reste des promesses sera vite oublié car tout simplement irréalisable.

Et si on s’occupait d’abord de l’essentiel ?

En tout cas, on ne trouve pas dans les projets annoncés de réponse aux dysfonctionnements actuels et aux problèmes pourtant criants qui se posent dans les musées en question. Il n’est dit nulle part, par exemple, que les travaux de désamiantage vont enfin être réalisés. On ne parle pas de remettre en service un système de climatisation qui rende à nouveau possible la présentation au public des esquisses de Rubens. On ne parle pas de rendre mieux accessibles au public les collections de sculpture. On ne dit pas quand les collections d’art moderne dont l’inaccessibilité a été dénoncée avec force, vont à nouveau être visibles. On ne précise pas davantage ce qu’il va advenir des très importantes collections du XIXe, fondamentales pour la connaissance de cette riche période… qui n’a pas brillé qu’en « Fin de siècle » comme M. Draguet donne l’impression de le penser. A ce tableau, loin d’être complet, on ajoutera encore le cas du Musée Wiertz et celui de la maison de Constantin Meunier, deux autres fonds mal défendus et auxquels le public n’a que très difficilement accès. En ce qui concerne les Musées royaux d’Art et d’Histoire, dont la configuration et les structures administratives sont aussi complexes que leurs collections sont riches, en partie mal exposées et certainement trop peu connues du public, on se demande en quoi M. Draguet, qui y a été nommé il y a deux ans déjà directeur faisant fonction, a amélioré la situation et comment il va s’y prendre désormais, alors qu’il n’est déjà pas en mesure de répondre aux problèmes élémentaires de maintenance aux Musées des Beaux-Arts qu’il dirige en titre. Ne sont pas évoquées non plus les questions qui se posent dans les deux établissements en matière de sous-financement, de manque de gardiens et de personnel, de l’insuffisance des prestations scientifiques de qualité, voire de base telle la publication de catalogues dignes de ce nom. Il semble que l’essentiel du travail mené jusqu’à ce jour par M. Draguet au sein des Musées royaux d’Art et d’Histoire ait consisté à prélever dans les collections les objets qui l’intéressaient personnellement pour son « Musée Fin de siècle », qui s’ouvrira bientôt au sein des Musées royaux des Beaux-Arts.

L’Institut royal du Patrimoine artistique sanctionné de trop bien fonctionner

1. L’Institut royal du Patrimoine artistique.
Ombres sur une institution redevenue exemplaire
Photo : D.R.
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Se pose aussi cruellement la question de savoir ce que M. Draguet va apporter à la tête de la troisième institution qu’il va coiffer de son autorité : l’Institut royal du Patrimoine artistique (Irpa) (ill. 1). On nous permettra de parler de cette maison pour y avoir travaillé pendant dix-neuf ans et l’avoir quittée en donnant notre démission en 1986 tant le métier d’historien de l’art y était bafoué, les universitaires étant contraints à faire du travail de commis alors que nous étions, en ce qui nous concerne, rémunéré en tant que chef de travaux. La maison sortait alors fortement affaiblie des menaces et tentatives de « splitsing » entre communautés flamande et francophone et plusieurs des fonctions dirigeantes étaient occupées par des personnes ne brillant pas par leur compétence. Ce moment fut aussi celui où l’informatisation de la documentation photographique fut établie de manière absurde. Les conséquences s’en font encore sentir aujourd’hui, spécialement dans le caractère incompréhensible de la méthode de consultation d’une base de données dont la richesse extraordinaire reste de ce fait inexploitée. La réputation de l’Irpa en tant que centre spécialisé en matière de conservation et de restauration avait périclité et son aura en tant que centre d’Histoire de l’art était nulle. Ce rappel pour dire que l’Institut, tel qu’il fonctionne de nos jours, n’a plus rien à voir avec le navire en perdition qu’il était il y a vingt-cinq ans. Un long travail de reprise en mains a été opéré avec opiniâtreté de sorte qu’il compte désormais à nouveau, et même mieux que jadis, parmi les institutions-sœurs étrangères et organisations internationales de renom et que sa réputation est soutenue par nombre de publications, programmes de recherches et organisation de colloques de haut niveau. Sa bibliothèque, devenue infothèque après sa très efficace fusion avec sa documentation photographique (riche d’un million de photographies et de leurs négatifs), opération d’envergure menée il y a moins de trois ans, est un outil de travail unanimement reconnu et apprécié. Il est par ailleurs ouvert tous les jours, d’un usage bien plus commode que les bibliothèques des Musées royaux et qui ne sont accessibles au public que quelques heures par semaine. On a peine à croire que ces dernières vont, selon la logique de la centralisation prônée, se laisser absorber par celle de l’Irpa et que leur personnel scientifique devra désormais se déplacer pour consulter un ouvrage. Absurde.

Pour qui voudrait le vérifier, il n’est pas difficile de constater que l’Institution fonctionne très (trop ?) bien, qu’elle a atteint un haut niveau d’excellence, et cela en dépit du fait que le poste de directeur général soit vacant depuis mai 2011 [7], que nombre de postes prévus au cadre ne soient pas occupés, que les subsides de fonctionnement soient maigres et, crise oblige, réduits d’année en année [8] etc. Tous ces besoins élémentaires non satisfaits et les handicaps limitant le volant d’action de la maison sont clairement identifiés, comme le sont les dysfonctionnements des Musées royaux énumérés plus haut. Si l’on voulait donner à l’Institut toute sa capacité d’action, on sait donc ce qu’il faut faire. Que viendrait donc apporter un nouveau directeur général qui n’a l’expérience ni de la restauration et de la conservation des œuvres d’art, ni des missions d’inventaire du patrimoine national, ni de publications en ces matières ? L’Irpa n’a pas non plus besoin qu’on lui apprenne comment mettre sur pied des projets de recherche, de colloques et autres rencontres internationales. Quel est l’intérêt de coiffer une équipe dynamique et efficace qui a largement fait ses preuves depuis des années et laisse derrière elle un bilan remarqué et apprécié au delà des frontières et dont l’utilité pour l’ensemble du patrimoine belge n’est plus à démontrer ? Il semble que la manœuvre consistant à placer les trois institutions sous cette unique direction viserait à faire fonctionner prioritairement, et par conséquent exclusivement, les ateliers et laboratoires de l’Irpa en faveur des deux autres établissements. C’est évidemment aller à l’encontre de la mission de l’Irpa qui est nationale. Autre chose serait de lui donner les moyens en personnes et en budget pour qu’il puisse rendre davantage service aux musées non seulement fédéraux mais partout dans le pays : aux autres établissements et entités détenteurs de patrimoine artistique parmi lesquels les communes et surtout les églises dont on n’ignore pas les graves problèmes posés par la maintenance de leur patrimoine.

La réponse à tous les maux : le décloisonnement des collections

Pas besoin donc d’une direction extérieure pour mieux remplir les multiples missions de l’Irpa. Et encore moins de tout le chambardement dans les musées qui est annoncé parallèlement à ce parachutage. Outre l’extrême réserve que suscite l’idée de placer sous la houlette d’une seule personne trois institutions aux spécificités et besoins propres, les bouleversements prévus par la réforme annoncée suscitent la stupeur. Passé l’effet de surprise et une fois perçue la fallacieuse audace des annonces faites, on verra rapidement que l’opération se fera nécessairement au détriment de deux institutions au bénéfice de la troisième – mais même cela est fortement sujet à caution -, les Musées des Beaux-Arts. L’objectif de la manœuvre que l’on veut mettre en branle saute aux yeux. Pour éclairer le lecteur, on épinglera quelques–unes des mesures envisagées dans le fameux « Pôle Art » en question. Il s’agit rien moins que de « décloisonner les collections ». Tels sont les termes utilisés. On reviendra plus loin sur cette notion appelée à faire date et à figurer dans les manuels de muséographie. Ainsi on rassemblerait sous l’appellation « Musée Fin de siècle » tout ce qui, « autour de Maeterlinck, Ensor, Khnopff, Spilliaert, Horta, Van de Velde etc., introduit un débat sur la modernité dans l’art en Belgique à partir de 1868 […]. Dans le futur Musée fin de siècle, vous aurez des tableaux, des sculptures mais aussi de la musique, du théâtre, de l’architecture et de la littérature [ …]. », propos cités par le journal Le Soir du 11 juillet 2012. On a compris qu’il s’agit de s’inscrire servilement dans le sillage de la mode consistant à mélanger les genres même si cela mène droit à la confusion la plus anti pédagogique. On se place dans la ligne de la marchandisation à tout crin, l’objectif étant de rentabiliser les musées, quitte (au nom de la convivialité, de l’interactivité, de l’ambiance ludique et autres fadaises) à les changer en lieux de distraction. On renvoie carrément à l’arrière-plan leur fonction essentielle (de lieux de conservation, d’étude et d’éducation) qui se voit supplantée par des effets faciles (mais exagérément coûteux et sans véritable gain intellectuel) de mise en scène. Dont acte. Dès lors et tant qu’à faire, pour rendre les choses encore plus attrayantes et faire davantage entrer l’argent dans les caisses, pourquoi ne pas envisager des visualisations en 3D d’un choix d’œuvres pornographiques de Félicien Rops ? Voilà de quoi attirer et ravir une frange de public que les musées n’intéresseraient pas ! Humour de mauvais goût ? Sans conteste [9]. Mais pas autant que le drame tragi-comique qui se joue désormais non pas en imagination mais dans la réalité la plus concrète.

On est en plein délire : le « I Fiamminghi Museum » (sic) et d’autres inventions

Le comble est bien atteint quand on se rend compte que cette mauvaise comédie est montée aux frais du public à qui l’on veut faire croire (naïveté désarmante ou mauvaise foi écœurante ?) qu’on fait avec ce plan de réformes non seulement de la bonne gestion culturelle mais aussi des économies. Ce serait un jeu amusant si les jouets que manipulent sans vergogne ses inventeurs n’étaient des éléments majeurs du patrimoine artistique national. Le scénario, qui semble repris aux mésaventures de l’apprenti sorcier, est déjà en cours de concrétisation. Le jour de l’ouverture du « Musée Fin de siècle » est même d’ores et déjà prévu : le 13 novembre 2012 [10]. Où : dans les locaux de ce Musée d’Art moderne qui a été intempestivement vidé de sa substance en février 2011 comme on l’a rappelé ci-dessus. Où ira le reste (si l’on peut dire) des collections de ce dernier ? Réponse : une partie serait dirigée vers un « Musée Art Nouveau » qui s’installerait dans les très beaux anciens magasins Old England … où l’on vient d’installer il y a une dizaine d’années à peine - et fort bien - le Musée des Instruments de Musique (MIM) dépendant des Musées royaux d’Art et d’Histoire, travaux non encore amortis faut-il le dire. Une autre partie irait garnir un « Musée d’Art moderne et contemporain » dont on ne sait pas encore où on va l’installer [11] et encore moins comment le financer. Ce sont probablement des détails mesquins aux yeux des concepteurs du projet ! Honte à nous de les évoquer. Mais quand même, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander ce que l’on va faire des instruments de musique que l’on déloge (sans tambours ni trompettes) ? Pas de problème. Dans cette version nouvelle du jeu de taquin à l’usage des muséologues en délire, il est prévu qu’ils fileraient quant à eux dans une « Cité de la Musique » (!) encore à créer de toute pièce, en collaboration avec le théâtre de la Monnaie. Rien de moins.

Ce n’est pas tout : en ce qui concerne les collections d’art ancien cette fois, on y adjoindra, comme pour l’Art Nouveau et le « Fin de siècle », des pièces prélevées dans les collections du Cinquantenaire. C’est le fameux décloisonnement annoncé. Il est ainsi prévu de démantibuler le contenu du Cinquantenaire pour étoffer une série de sous-musées. L’opération s’inspire de l’idée qui a présidé à la fabrication du Musée Magritte, avec la différence que le contenu de celui-ci a été essentiellement extrait des collections du Musée d’Art Moderne lui-même, tandis que les créations annoncées prévoient en plus des prélèvements opérés ailleurs. On verra ainsi éclore un incroyable « I Fiamminghi Museum » ou « Musée de l’Héritage flamand ». On appréciera au passage l’exquis meltingpot linguistique de ces intitulés. La formulation du communiqué de presse vaut lui aussi un instant d’arrêt : « L’ambition (sic) est de rassembler dans un même lieu, sur le site du Mont des Arts [en l’occurrence les bâtiments où se trouvent actuellement logés les Musées royaux des Beaux-Arts], les collections portant (sic) sur les sources de la culture flamande, dans son acceptation (sic) la plus large, du XVe siècle bourguignon à la fin du XVIIe siècle ». Comme si cela ne suffisait pas encore, on ajoutera (liste non exhaustive) dans les nouveautés promises un « Musée de l’identité européenne », un « Musée du Moyen Age », ainsi qu’un « Graphiforum » qui, comme son appellation magnifique l’indique, sera consacré aux œuvres sur papier. On rappellera que tout cela sera, selon les inventeurs de cette farce, générateur d’économies. On reste pantois.

Le changement pour le changement

Bref, on est en plein délire. Dans une interview (Le Soir du 11 juillet 2012) le ministre Magnette justifie de la manière suivante l’idée qui sous-tend cette opération de « décloisonnement » - nous y revoilà - des collections : « Aujourd’hui, si vous voulez voir l’héritage (sic) flamand, vous devez aller aux Musées royaux [des Beaux-Arts] pour les peintures et puis vous devez prendre la voiture ou le métro pour aller voir les retables et les sculptures au Cinquantenaire. Même chose pour la période Fin de siècle : les tableaux se trouvent aux Musées royaux, les céramiques ailleurs ». Et d’ajouter : « C’est une logique historique de présentation des collections par discipline […] ». En somme, la solution à tous les problèmes consiste à remplacer une logique par une autre, la nouvelle étant fondée sur le goût d’aujourd’hui pour la confusion des genres, le refus de la dimension historique et le rejet de l’effort de synthèse personnel que l’on veut épargner au visiteur (au nom de l’idéologie de la consommation culturelle béate). On en vient à reprocher aux musées d’être ce qu’ils sont par essence plus de deux siècles et demi après leur apparition, phénomène qui, comme la protection et l’étude du Patrimoine en général, fut un pas d’une importance inouïe dans l’histoire culturelle mondiale. S’il est un véritable « héritage », pour employer cet anglicisme qui paraît si cher au ministre mais qu’il convient d’user dans son acception d’origine, l’institution muséale en est bien un, au sens plein du terme ! Cela dit, qu’il faille suivre l’évolution du monde, de la société, des techniques…, est une évidence : il faut absolument moderniser les musées. Mais les sacrifier sur l’autel démagogique et réducteur du changement pour le changement et de la seule vocation touristique, et nier en fin de compte la notion même du musée tel qu’il fut conçu dans l’esprit des Lumières à la fin du XVIIIe siècle, est un acte que l’on ne peut que qualifier de barbare.

Un public systématiquement mésestimé


2. Les tapisseries de Tournai
des collections des Musées du Cinquantenaire
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3. Une des salles de sculpture gothique
aux Musées du Cinquantenaire
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4. La salle dite du trésor aux Musées du Cinquantenaire.
A découvrir non sans peine dans le dédale lugubre des lieux
Photo : D.R.
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On est choqué par la justification donnée par le ministre pour déménager du Cinquantenaire vers la rue de la Régence les retables et sculptures des XVe et XVIe siècles qui s’y trouvent : éviter au visiteur de devoir se déplacer d’un musée à l’autre ! C’est vraiment mal connaître ce qu’est un visiteur de musées. Chacun sait qu’il ne trouvera de toute façon là où il se rend qu’une vision partielle de l’histoire des arts et que s’il veut en savoir plus, il doit bouger, lire des livres, voire regarder sur l’Internet. On érigera autant de musées thématiques que l’on veut et on aura beau « décloisonner » et déménager à tire-larigot, jamais on ne rassemblera assez d’objets en un seul lieu pour épuiser un sujet. Vouloir épargner au visiteur de musées un trajet en voiture ou en métro est d’un ridicule absolu [12]. Avoir dans une même ville deux musées importants et complémentaires est au contraire une aubaine. Il se fait de plus, comble de la sottise, que les superbes et abondantes collections de sculpture en question [13] bénéficient d’une présentation très honorable qui ne demande que quelques modifications pour être améliorée (ill. 2 et 3). Ces salles, qui ont été inaugurées en 2000, il faut le rappeler, sont parmi les plus belles d’un musée par ailleurs, il est vrai, fort ingrat et auquel il est évident qu’il convient d’accorder au plus vite une attention toute spéciale pour remédier à son aspect généralement rébarbatif. Lors de notre parcours effectué hier dans les salles vouées au moyen âge et aux périodes gothique, Renaissance et baroque nous avons croisé six visiteurs ! S’il y a un problème à résoudre en priorité ne serait-ce pas celui-là : un rassemblement d’œuvres de tout premier plan devant lesquelles on ne parvient pas à conduire le public ? (ill. 4). Malheureusement, de toute évidence, ce n’est pas du tout cela qui préoccupe les auteurs de réformes d’aujourd’hui (ill. 5 et 6). Quel avantage voient-ils vraiment (on ne va quand même pas gober cette histoire de voiture ou de métro !) à démanteler tout cela pour le remonter (mieux qu’au Cinquantenaire ?) aux Musées des Beaux-Arts (dans des locaux qui attendent depuis des lustres d’être désamiantés) ?


5. Les Musées du Cinquantenaire.
Un monumental temple des arts mal mis en valeur
Photo : D.R.
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6. Jour d’affluence aux Musées du Cinquantenaire.
Merci de ne pas déranger les fantômes
Photo : D.R.
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C’est un piège à gogos. Tant qu’à faire, on pourrait aussi imaginer que le ministre et son triple directeur général passent un accord avec les autorités de la Ville de Bruxelles pour déménager du Musée Communal, sur la Grand-Place, les quelques très beaux retables brabançons qui s’y trouvent aussi, ainsi que les sculptures du maître d’Hackendover provenant du porche de l’Hôtel de Ville ? Et ainsi de suite, car il y a encore bien d’autres choses à moissonner dans Bruxelles pour illustrer le glorieux « Héritage des Fiamminghi », d’autant plus que, si nous avons bien compris, cet héritage s’étendrait jusqu’aux productions artistiques de la fin du XVIIe siècle. Pourquoi, dès lors et par exemple, ne pas démonter et reconstituer au « I Fiamminghi Museum » toute la chapelle des Tour et Taxi plutôt que de bêtement y réinstaller in situ la statue de Van Delen que l’on vient de redécouvrir ? (voir l’article).

A la lecture de ce qui a été communiqué, on apprend donc que les environs de 1699 ont été fixés comme terminus ad quem pour sélectionner des œuvres à faire figurer dans le « I Fiamminghi Museum ». Quel est alors le sort réservé aux périodes suivantes , au XVIIIe siècle et à tout ce que compte le foisonnant XIXe avant ces « Fin de siècle » et Art Nouveau, les enfants privilégiés du Directeur général ? Aux oubliettes, avec les collections d’art moderne ? On verra plus tard ? Silence. Espérons qu’on n’oubliera quand même pas dans les réserves des Musées des Beaux-Arts, non seulement les témoignages de ces deux siècles de création artistique nationale mais aussi les écoles étrangères représentées par quelques chefs-d’œuvre dont, sauf exception, on ne fait pas grand cas aux Musées royaux [14].

Qu’entend-on par art moderne ?

Le moment est sans doute indiqué pour s’interroger sur ce que nos personnalités du jour entendent par art moderne. Quand le font-ils commencer, quand se transforme-t-il en art contemporain ? Il est assez paradoxal que l’on se lance dans des aventures aussi vastes que risquées sans se poser cette question élémentaire. Remonter aux origines du Musée de Bruxelles, qui fut créé par Napoléon Bonaparte en 1801 est éclairant dans la mesure où c’est de cette époque déjà bien lointaine que date aussi la division de ses collections en deux parties distinctes : l’art ancien et l’art moderne [15]. Tout aussi instructif est la date - 1748 - choisie pour marquer la scission entre les deux. Il s’agit tout bonnement de l’année de naissance de Jacques-Louis David dont on peut comprendre qu’il ait pu être considéré, à cette époque, comme le premier des modernes, véritable témoin de son temps. Egalement révélateur, mais négativement cette fois, est le fait que cette séparation, devenue absurde, est toujours en vigueur aujourd’hui. Comment se fait-il que les conservateurs qui se sont succédé à la tête de la maison, disons depuis le milieu du XXe siècle, au moment où Picasso incarnait déjà depuis des décennies la modernité, n’ont pas songé qu’il serait peut-être utile de revoir la question ? L’exercice ne manque intellectuellement pas d’intérêt. Cela aurait notamment évité l’ambiguïté des sympathiques revendicateurs d’aujourd’hui en faveur d’un musée dit d’art moderne car il est évident que pour eux les modernes ce ne sont pas les Néo-classiques, les Romantiques et autres Réalistes devenus évidemment des anciens depuis belle lurette. Tout le monde s’accordera, on l’espère, pour dire que l’on ne peut quand même pas laisser enfouis sans rien dire dans un oubli volontaire les milliers (oui, les milliers) de tableaux et sculptures que conserve le Musée d’Art Moderne, témoins de la richesse artistique d’un XIXe siècle aux multiples aspects encore peu et mal étudiées et qu’on ne peut étudier sans tenir compte des collections bruxelloises.

Et l’art contemporain ?

Nous n’entrerons pas ici dans la discussion sur le lieu où un Musée d’Art Contemporain cette fois devrait être érigé. Tout ce qui tourne autour de cet autre volet du problème des Musées à Bruxelles mérite des développements spécifiques que nous laissons à d’autres le soin de défendre avec plus de compétence que nous. Nous souhaiterions néanmoins émettre le souhait que soit privilégié de manière imaginative le recyclage de bâtiments existants. Il existe en plus d’un lieu à l’abandon dans Bruxelles qui pourraient connaître ainsi une nouvelle vie et entrainer dans leur mouvement la revalorisation de quartiers déshérités. Nous songeons par exemple au site de l’ancienne Ecole vétérinaire de Cureghem, vaste ensemble aux réelles qualités architecturales. Situé dans un quartier délabré et miné par la criminalité, son affectation à des activités culturelles serait un facteur évident de renouveau urbain. Si l’on veut atteindre un semblant d’« effet Bilbao », comme déjà dit plus haut, travaillons dans ce sens (à Cureghem ou ailleurs) plutôt que de nous laisser obnubiler par un « signe fort » qui a réussi là-bas mais qui ne fonctionnera pas nécessairement ici.

Voyons les choses en face

Pour en revenir aux musées que nous nommerions « traditionnels », la façon dont leur avenir est abordé aujourd’hui accroît les craintes plus qu’elle ne rassure. Reconnaissons toutefois, et prenons le comme un signe positif, qu’une prise de conscience s’est au moins manifestée et qu’un double mouvement (opposé) de réformes et de fortes contestations est désormais lancé. Félicitons-nous en, même si la voie choisie par le Ministre, l’Administration et le directeur général en fonction nous paraît franchement mauvaise. Il faut donc tout faire pour éviter le désastre annoncé.

Il est clair que les Musées royaux des Beaux-Arts et ceux du Cinquantenaire doivent les uns et les autres rester fidèles à leur mission historique et développer leur spécificité, même si la nature multiforme des collections du second et le casse-tête muséographique que sont ses locaux rendent là le challenge tout particulièrement difficile. Mais, comme nous l’écrivions en 2009, quel beau défi à relever ! On devrait facilement rencontrer un consensus pour dire qu’une revalorisation de ces deux magnifiques institutions doit être entreprise sans délai : ce devrait être un premier pas dans le bon sens. Mais les restructurations nécessaires doivent rester purement techniques, ne pas affecter les missions statutaires scientifiques des institutions qui doivent avant tout être au service de l’art (de sa conservation, de son étude et de sa diffusion dans le public). Les mesures attendues ne doivent pas être fastueuses mais avant tout efficaces de manière à permettre aux institutions concernées de s’épanouir au mieux. Il est nécessaire que les débats soient menés et les décisions prises par des personnes issues du sérail qui sachent de quoi il retourne, bien informées des exigences liées à la défense et à l’illustration de l’art. Mêler sous une même coupole les problèmes des trois institutions concernées paraît loin, très loin, d’être une heureuse option. En ce qui concerne les Musées, il est totalement vain et inutile, en tout cas, de procéder aux bouleversements des collections tels qu’annoncés. Pour ce qui est de l’Irpa, il faut tout mettre en œuvre pour permettre à son équipe dirigeante et à son personnel qui ont fait la preuve de leurs compétences et de leur dynamisme de poursuivre et développer les activités de l’institution dans la voie qu’ils ont prise au cours de la dernière décennie.

N’est-ce pas une affaire de gouvernement ?

Le débat mérite d’être public. N’est abordé ici que le cas des Musées royaux des Beaux-Arts, des Musées royaux d’Art et d’Histoire et de l’Institut royal du Patrimoine artistique. N’oublions pas que cinq autres institutions scientifiques de l’Etat sont concernées [16]. Si nous pouvons, en tant que professionnel de l’Histoire de l’Art, prétendre au droit d’avoir un mot à dire en qualité d’ancien membre du personnel de l’Irpa avant d’en devenir un usager comme nous le sommes des Musées, nous sommes absolument incapable de porter un jugement quelconque sur la nécessité ou non de réformer les autres institutions [17]. Néanmoins, vu les enjeux considérables, nous sommes enclin à nous demander si un ministre à lui seul peut décider de leur sort. N’est-ce pas une affaire de gouvernement ? Il est de notoriété publique que les trois acteurs du drame qui se joue actuellement, MM. Magnette, Mettens et Draguet, appartiennent tous trois à un seul des six partis de l’actuelle coalition gouvernementale. On aimerait connaître la position des cinq autres partis sur ces matières : ils sont, à notre connaissance, tous restés silencieux jusqu’à ce jour. On ne peut quand même pas imaginer qu’ils ne se préoccupent pas de l’avenir des principaux établissements scientifiques de la nation. Il serait bienvenu qu’ils se fassent entendre.

En tout cas, rien qu’en matière de Musées et de Patrimoine, le nombre et l’importance des questions, voire la stupéfaction, que soulèvent la plupart des réformes annoncées, demandent que des explications complètes soient fournies à l’opinion publique. Celle-ci est certes convaincue que si des économies de gestion peuvent être accomplies, il faut bien entendu y procéder sans atermoiements. Mais il faut aussi absolument lui fournir des éclaircissements sur :
- 1. l’utilité réelle de chapeauter les trois institutions par un seul directeur général ;
- 2. les créations envisagées de nouveaux lieux d’exposition ;
- 3. le démantèlement des collections existantes qu’elles impliquent ;
- 4. leur justification scientifique ;
- 5. leur faisabilité pratique et financière ;
- 6. le calendrier des travaux à entreprendre, sans oublier surtout
- 7. ceux que l’on attend déjà depuis parfois plus de dix ans.

La démesure qui les caractérisent semble rendre la quasi-totalité des réformes irréalisables, sauf découverte subite d’un pactole sans limite. Nous proposons qu’il soit simplement procédé à un inventaire des dysfonctionnements actuels et des autres problèmes existants dans les institutions en question et qu’une réponse pratique, sensée et rapide leur soit donnée. Pas sous formes d’usines à gaz.

Denis Coekelberghs

Notes

[1Le site Musée sans musée donne un suivi régulier des manifestations en faveur des Musées royaux (c’est-à-dire opposées aux décisions de fermeture prises par leur directeur général) et met attentivement en ligne les articles de presse sur le sujet.

[2Cité par le journal La Libre Belgique du 3 juillet 2012.

[3On peut déduire des propos du Ministre rapportés ci-dessus que le directeur général des Musées considère bien comme une situation normale que nombre de salles de son établissement soient inaccessibles et que leur réouverture n’est pas sa priorité, sans quoi il aurait tenu à alerter en bonne et due forme son ministre de tutelle. Ce dernier ne peut bien entendu être au courant de tout sans être informé, en premier lieu par le chef d’établissement lui-même. Cela semble néanmoins montrer aussi - et c’est bien regrettable vu ses attributions - que le ministre n’a guère fréquenté les Musées royaux des Beaux-Arts durant ces dix dernières années et que les membres de son cabinet chargés des dossiers de cette grande institution scientifique de l’Etat belge ne se sont pas préoccupés non plus de ce dysfonctionnement flagrant.

[4Ces problèmes de climatisation semblent récurrents. On se souvient que des dizaines de panneaux anciens ont été abîmés dans les réserves en janvier 2009 suite à une panne de climatisation tardivement découverte (voir la brève du 28/1/09).

[5Le projet concerne aussi un Pôle Documentation (chapeautant les Archives de l’Etat et la Bibliothèque royale de Belgique), un Pôle Espace (réunissant l’Institut d’Aéronomie spatiale, l’Observatoire royal de Belgique et l’Institut royal météorologique). Pour des raisons qu’on ignore, il n’est en revanche pas question de créer un pôle réunissant les deux derniers établissements dépendant de la Politique scientifique fédérale : le Musée royal de l’Afrique centrale, établi à Tervueren, et l’Institut royal des Sciences naturelles (le Muséum). On peut toutefois se demander comment sont prises en considération les fabuleuses collections ethnographiques de Tervueren ! Signalons que ce Musée à forte connotation colonialiste propre à l’époque de sa création vers 1900 a fait par ailleurs déjà l’objet de plans destinés à faire disparaître presque toutes les traces muséographiques de son état (péché ?) originel. Voilà un Musée qu’il eût fallu classer dans son intégralité pour le rendre intouchable par les vandales de la nouvelle culture.

[6Les amateurs de numérologie apprécieront la combinaison ternaire : le regroupement de trois institutions et un triumvirat composé de trois frères trois points se mettant d’accord pour créer un poste de directeur à trois casquettes.

[7Pour des raisons dont nous n’avons malheureusement pas connaissance, le ministre a annulé au début de cette année la procédure de recrutement du nouveau directeur général. Le manque de clarté laisse penser que la manœuvre pourrait avoir été réalisée dans la perspective de l’opération « triple casquette ». A confirmer. Ou à démentir.

[8On relèvera ici l’obligation dans laquelle se trouve l’Irpa, quand il est fait appel à ses compétences, de facturer ses prestations pour les interventions de conservation, de restauration ou de sauvetage du patrimoine qui lui sont demandées, même lorsqu’il s’agit de bien appartenant à des institutions publiques (fabriques d’églises, communes, musées etc.). Ne disposant pas de suffisamment de personnel nommé dans le cadre, il doit faire appel à des collaborateurs extérieurs (ce qui en soi est contestable) dont il doit payer les prestations.

[9Mais que penser du tapage médiatique (et publicitaire !) fait tout récemment au Musée Magritte autour de l’accrochage de quelques affreux dessins phalliques de la main du maître présentés comme une découverte exceptionnelle alors qu’ils n’ont d’autre intérêt que strictement documentaire ? Mais cela a probablement suscité quelques entrées supplémentaires. C’est toujours bon à prendre pour le bilan annuel et démontrer la rentabilité commerciale de l’opération « Musée Magritte ».

[10Sans en fournir les raisons, la presse vient d’annoncer (sans doute en répercussion à un communiqué émanant des Musées ?) que son ouverture est reportée au 7 mai 2013. On attend d’en apprendre davantage.

[11Dans un édifice « à la Bilbao » disent certains sans rire. Ils ne savent probablement pas en quoi l’opération menée avec maestria à Bilbao n’a rien à voir avec les données propres à Bruxelles.

[12Comment résoudre, Monsieur le Ministre, le terrible problème des édifices gothiques dispersés dans la ville et qui nécessitent dès lors d’effrayants déplacements ? Par ailleurs, demanderez-vous à la Bibliothèque royale de sortir de sa réserve précieuse les fragiles chefs-d’œuvre enluminés de l’illustre bibliothèque de Bourgogne pour les mettre en dépôt dans cet incroyable « Fiamminghi Museum » ?

[13Où sont aussi accrochés quelques chefs-d’œuvre de la tapisserie gothique de Tournai (attention : cet « héritage »-là n’est pas celui des « Fiamminghi ») et Renaissance de Bruxelles (attention, ici on est en Brabant). Annexionnistes en herbe, attention.

[14Manifestement transporté par l’enthousiasme, le ministre va jusqu’à ranger Rembrandt parmi les fleurons du futur et déjà fameux « I Fiamminghi Museum » (Voir son interview déjà citée au journal Le Soir du 11 juillet 2012).

[15D’où cette appellation ambiguë mais historiquement intéressante de « Musées royaux des Beaux-Arts » au pluriel, alors qu’il s’agit bien d’une seule institution.

[16Voir note 5.

[17Encore qu’on ne comprenne pas pourquoi, au nom de l’argument maintes fois répété d’unicité des collections de l’Etat (justifiant leur fameux « décloisonnement »), le Musée d’Histoire Naturelle et le Musée de Tervuren ne soient pas eux également fusionnés avec les deux autres grands musées fédéraux. Sans parler du Musée de l’Armée, lui aussi institution fédérale mais dépendant d’un autre ministère.

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