Les Amis du Musée de Morlaix s’inquiètent de son avenir

Le couvent des Jacobins de Morlaix
siège actuel du musée qui devrait
s’étendre sur l’ensemble du bâtiment
Photo : Didier Rykner
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26/11/13 - Musée - Morlaix - Nous avions cet été signalé l’intéressante exposition organisée au Musée de Morlaix sur Louis-Marie Baader. Une rétrospective bienvenue, qui s’intéressait à un artiste dont le musée possède plusieurs œuvres, bien dans la vocation de cet établissement.
Mais comme nous le disons toujours, un musée est d’abord riche de ses collections permanentes. Or, comme nous avons pu le constater lors de notre visite, alors qu’il se trouve en partie dans un remarquable monument historique, l’ancien couvent des Jacobins qui lui permettrait d’ailleurs de s’agrandir dans des salles aujourd’hui libérées de leur ancienne affectation, le musée est en réalité presque entièrement fermé.

Depuis la fermeture, pour raison de sécurité, de la chapelle qui présentait les collections permanentes, les projets se sont multipliés sans jamais aboutir. Il a en effet été longtemps question d’un déménagement du musée vers le site de la Manufacture des Tabacs, le couvent des Jacobins devant accueillir une « cité judiciaire ». Après plusieurs études, décisions, contre-décisions, le projet est finalement abandonné. En 2010, nouveau projet, fort cohérent au demeurant, qui prévoit d’installer le musée dans l’intégralité du couvent. Le démarrage des travaux est alors prévu en 2013, et l’ouverture en 2015. Mais les choses trainent en longueur. Deux nouvelles études sont lancées en 2013 : une menée par la directrice, Cyrielle Durox, est un projet culturel et scientifique de réhabilitation, l’autre est une étude architecturale comprenant un diagnostic, une étude de faisabilité, et une étude de programmation. Ces études ont été remises en mai dernier.

Mais, selon l’association des amis du musée, qui a diffusé un communiqué, elles ne serviraient qu’à retarder toutes les décisions et la mairie n’aurait aucune véritable intention de lui donner une suite : « les partenaires du plan de financement n’ont pas été sollicités et aucune subvention n’a été demandée ». L’association constate donc : « Les élus viennent et s’en vont, mais reste le patrimoine qu’ils ont délaissé ».
Nous avons longuement parlé avec Agnès Le Brun, maire de Morlaix, qui nous a dit comprendre la frustration de l’association mais regretter que celle-ci se trompe de cible. Elle affirme être très préoccupée par l’avenir du musée, mais que le projet prend du temps à s’élaborer et que tout est désormais en place pour qu’il puisse commencer. Selon elle toujours, la DRAC serait d’accord pour inscrire le musée dans le « pacte d’avenir » (qui tomberait ici particulièrement à point) ; cela, combiné avec la baisse très forte de l’endettement de la ville (passé nous a-t-elle dit depuis 2008 de 1400 € à 730 € par habitant) devrait permettre de lancer rapidement les travaux. Selon elle, ceux-ci, d’un coût total de 12 millions d’euros, devraient être étalés sur quatre ans, en commençant par la restauration du couvent (notamment de la rosace, qui s’effrite).

Les collections de Morlaix sont très importantes, notamment pour le XIXe siècle, et elles comprennent également quelques tableaux anciens. Nous avons pu voir les œuvres non exposées et celles-ci ne nous semblent pas menacées, contrairement à ce que pourrait laisser entendre l’association, car elles sont conservées dans des conditions correctes, il n’en reste pas moins que celle-ci a raison lorsqu’elle écrit que les bâtiments risquent, faute de travaux, de se dégrader, et que la fermeture du musée n’a que trop duré.
Nous ne connaissons pas suffisamment la situation morlaisienne pour pouvoir porter un jugement sur les responsabilités de chacun. On notera que la municipalité actuelle n’est pas celle à l’origine de la fermeture du musée (il y a déjà onze ans !) et que si la situation devient effectivement urgente, elle affirme sa volonté d’y remédier à court terme.

Le cri d’alarme de l’association aura au moins un effet positif : il permet de mettre sur le devant de la scène l’état de ce musée, et oblige la municipalité à s’engager publiquement. Nous suivrons avec attention l’évolution de ce projet à propos duquel Agnès Le Brun a souhaité affirmer sa détermination. Celle-ci reste désormais à se concrétiser.

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