Le Musée départemental de Saint-Riquier s’efface au profit d’un Centre culturel de rencontres

1. Marie-François Firmin, dit Firmin-Girard (1838-1921)
La pêcheuse de vers, fin du XIXe
Huile sur toile - 55 x 46,5 cm
Saint-Riquier, Musée départemental
Photo : Y. Medmoun
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25/7/13 - Musées - Saint-Riquier, Musée départemental - Le 30 avril dernier, les conservateurs des musées du Nord-Pas-de-Calais recevaient un courriel pour le moins surprenant du conservateur en chef des musées départementaux de la Somme, Marie-Pascale Prévost-Bault : « Les collections du Musée de la vie rurale de Saint-Riquier (Somme) - Musée de France - sont en réserves. Le Département de la Somme cherche des musées qui pourraient prendre en dépôt ces collections qui ont fait l’objet d’un récolement : Vie rurale, élaboration du cidre, moissons et cultures, tarares et machines diverses… ; ateliers reconstitués : forgeron, serrurier-cleftier, chaisier-pailleur, coupeur de velours ». Il s’agit donc d’un musée d’art et traditions populaires, et son démantèlement sonne curieusement alors que le Musée national des ATP a été déjà lui-même entièrement mis en réserves (le nouveau MUCEM ne présente qu’une infime partie de ses collections).
Mais il s’agit également de collections beaux-arts, en lien avec ces thèmes de la vie rurale et ouvrière. Comme nous l’a précisé Mme Prévost-Bault, le musée conserve en effet des tableaux du XIXe et du début du XXe siècle, notamment par des peintres tels qu’Albert Decamps, Firmin-Girard (ill. 1), Jules Boquet ou Horace Colmaire (ill. 2), ainsi que d’autres toiles d’artistes locaux.

2. Horace Colmaire (1875-1965)
Bergers en baie de Somme, 1895
Huile sur toile - 40 x 65 cm
Saint-Riquier, Musée départemental
Photo : Y. Medmoun
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La raison de cette fermeture du musée départemental de l’abbaye (autre nom de cet établissement) est simple : la création d’un « Centre culturel de rencontres ».
Anne Potié, directrice des lieux depuis deux ans, nous a expliqué qu’« on lui a demandé de réfléchir à un nouveau projet qui va permettre de rendre vie à l’abbaye ». Le « musée rural » selon elle, était totalement obsolète et n’avait plus sa place dans le projet global, celui-ci ayant été au départ créé en relation avec les réserves des ATP qui, nous a-t-elle dit, étaient visitables (il y a très longtemps). Les ATP partis il y a trois ans, le musée n’aurait selon elle plus sa place ici. Mais pas d’inquiétude s’il faut l’en croire : « le musée rural va rouvrir, les collections vont revivre ailleurs ». Quand et où, alors que le courriel envoyé en avril aux différents musées leur proposait de se servir à leur guise dans les collections ?

Même si celles-ci ne sont en rien comparables, par leur importance, avec celles du Musée Granet, on se trouve ici dans un cas de figure comparable : le remplacement d’un musée et d’une collection permanente par des expositions temporaires car c’est à cet usage que sont désormais utilisées les salles du musée.
Comme pour le Musée Granet, d’ailleurs, les expositions qui y sont organisées ne sont guère plus qu’une belle réunion d’œuvres, sans réel apport scientifique. C’est, en tout cas, ce qui ressort de la rétrospective D’une rive, l’autre actuellement présentée et dont nous publions ici la recension.

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