Le Louvre refuse le don d’un fragment du tombeau de Louis X Le Hutin

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14/01/19 - Refus de don - Paris, Musée du Louvre - Nous avions, il y a quelques jours (voir l’article), raconté comment la direction du Louvre avait refusé d’acquérir un fragment d’un tombeau royal du XIVe siècle, celui de Louis X Le Hutin, et avions décrit précisément comment cette affaire s’était déroulée. Nous confirmons une fois de plus que le département des sculptures était favorable à cette acquisition, malgré le démenti du Louvre.


France, premier tiers du XIVe siècle
Fragment du soubassement du tombeau de Louis X le Hutin et de Jean Ier le Posthume
Marbre - H. 22 cm
France, collection particulière
Photo : Paris Enchère
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Juste après la parution de notre article, un mécène des musées, lecteur de La Tribune de l’Art, nous a contacté, pour en savoir davantage ; il se proposait de donner au Louvre les 50 000 € nécessaires pour l’achat de ce fragment. Signalons que ce don n’impliquait par ailleurs aucune déduction fiscale, le mécène ne dépendant pas de la législation française.
On se doute comment la proposition fut accueillie par le département des sculptures. Mais, là encore, il était nécessaire d’avoir l’accord de la direction du Louvre. Et, une nouvelle fois, la réponse fut négative.

Nous avons donc réinterrogé le Louvre. Celui-ci nous a répondu en acceptant de nous donner les raisons pour lesquelles, selon eux, l’acquisition n’avait pas été retenue. La première est que le prix leur semblerait trop élevé pour un fragment qui n’apporte pas de nouvelle information sur la connaissance de l’œuvre. Pourquoi pas, même si cela peut se discuter, 50 000 € ne nous semblant pas réellement cher pour un tel objet. Une autre raison nous semble absurde : aucune restitution complète du tombeau n’étant possible, avoir un élément supplémentaire n’est pas nécessaire. Or, c’est bien le cas de tous les tombeaux détruits à la Révolution pour lequel seuls des fragments peuvent être achetés, et le sont régulièrement.

Ces deux raisons, déjà plus que douteuses, ne fonctionnent plus, néanmoins, pour un mécénat. Et là, le Louvre nous a expliqué que les déductions fiscales posent problème car c’est le contribuable qui finit par payer.
Drôle d’argument pour un musée lorsque la valorisation du don n’est pas excessive, mais qui peut dans ce cas être balayé d’un revers de main. En admettant qu’il y ait une déduction fiscale, le « prix » du fragment serait donc descendu à 30 000 €, ce qui est dérisoire. On aimerait savoir à combien la direction du Louvre estime cette œuvre.
Mais, avant tout, le don était fait SANS déduction fiscale, pour la simple raison, nous l’avons dit, que le donateur ne relève pas du droit français. Une information qui a eu l’air de beaucoup surprendre notre interlocuteur de la communication, mais qui ne peut être ignoré de la direction du Louvre, le mécène ayant à plusieurs reprises offert des œuvres à ce musée.
Pourtant, le Louvre, après avoir admis ce point, reste sur sa position : il refuse ce don. Nous avons contacté le Ministère de la Culture pour savoir ce qu’il pensait de cette affaire, et s’il ne pouvait se substituer au Louvre, puis y déposer le fragment, mais le ministère ne nous a toujours pas répondu.

Résumons donc.

Le Musée du Louvre a l’opportunité de se voir offrir un fragment d’un tombeau royal détruit à Saint-Denis en 1793 dont il conserve déjà d’autres morceaux. Cela ne lui coûterait rien, et rien non plus à l’État en terme de dépense fiscale.

Et il refuse.

Nous laisserons les lecteurs juger de la gravité de cette affaire qui prive le patrimoine français d’un élément du patrimoine français sans aucune raison valable.

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