Le jardin des Serres d’Auteuil à l’agonie

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Un arbre du jardin botanique des Serres d’Auteuil
coupé lors du chantier d’extension de Roland-Garros
Photo : Sites et Monuments
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12/11/16 - Patrimoine - Serres d’Auteuil - « La justice, c’est comme la sainte Vierge. Si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe ». Cette phrase, que Michel Audiard fait dire à Philippe Noiret dans l’excellent film Pile ou Face de Robert Enrico, Alexandre Gady nous la rappelle dans deux chroniques à propos de Roland-Garros, publiées dans L’Estampille-L’Objet d’Art et dans la revue de son association Sites et Monuments.

Encore ne connaissait-il pas la énième péripétie judiciaire de l’affaire de Roland-Garros, la plus dramatique peut-être. Alors que les serres chaudes sont désormais détruites, que des dizaines d’arbres rares et précieux ont été coupés sans que l’affaire ait été encore jugée sur le fonds par le Tribunal administratif, les héritiers Formigé, qui se battent de manière désintéressée pour faire respecter le droit moral de leur ancêtre viennent de perdre en première instance devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.
Nous ne dirons rien du jugement qui considère que le droit moral de l’architecte n’est pas bafoué par la construction, à quelques dizaines de mètres des grandes serres, et sur le jardin conçu par Camille Formigé, d’un court de tennis de 5000 places. On peut seulement s’étonner de cette décision même si elle ne constitue hélas pas une surprise.
En revanche, on avoue son incompréhension devant la condamnation des héritiers de l’architecte à payer 40 000 € de frais de justice à la richissime Fédération Française de Tennis… Inutile de dire que le droit moral des architectes est mort avec cette décision car personne ne voudra désormais prendre le risque d’attaquer en justice sur ce motif ?

Un seul espoir, très mince il faut l’avouer, demeure pour contrer la construction du stade : que le Tribunal administratif, lors de son jugement qui aura lieu en janvier, juge que le permis de construire était effectivement illégal et interrompe une fois de plus les travaux. Mais ne nous faisons pas trop d’illusion : toute procédure devant le tribunal administratif se termine devant le Conseil d’État, dont nous avons déjà écrit à plusieurs reprises ici ce qu’il faut en penser.
Il est très probable, désormais, que le jardin des Serres d’Auteuil sera annexé par Roland-Garros, malgré l’indignation très large des Parisiens, de l’ICOMOS, des associations, et de tous les amoureux du patrimoine. Il faudra cependant se rappeler qui sont les vrais responsables de ce vandalisme, à savoir les différents gouvernants qui se sont succédé : les Présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande, les maires de Paris Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo, les différents « ministres de la Culture » depuis Frédéric Mitterrand, et le Premier ministre Manuel Valls, qui a accordé les permis de construire.

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