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La Tentation du Symbolisme dans l’art roumain

Auteur : Adriana Sotropa

Le renouveau d’intérêt pour le symbolisme qui se manifeste de manière croissante depuis une trentaine d’années, ne peut que réjouir les amateurs de l’art des années 1890-1910. Expositions, livres, monographies, catalogues raisonnés mais aussi de nombreuses thèses consacrées aussi bien aux œuvres qu’à leur réception critique et au fonctionnement du monde de l’art, enrichissent chaque année davantage la connaissance de cette période extraordinaire. Si la sphère géographique s’est assez rapidement étendue depuis la France, la Belgique et la Suisse à d’autres horizons tels que l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Europe septentrionale et le monde germanique (et même les pays Baltes, dont les symbolistes seront très bientôt exposés au musée d’Orsay), l’Europe de l’Est n’a rejoint ce mouvement que plus récemment et de manière fort inégale. On se souvient de belles manifestations consacrées au symbolisme russe, la Pologne a fait l’objet d’importants travaux et de magnifiques expositions, en particulier à Rennes, et d’autres « territoires », tels que la Hongrie et le monde Tchèque ont été aussi redécouverts. Mais la Roumanie restait une sorte de terra incognita assez surprenante. Comment expliquer en effet qu’un pays de culture et de langue latines, un temps si proche de la France, soit resté en marge des études sur le symbolisme ? Dans la remarquable introduction de l’ouvrage qui paraît aujourd’hui, Adriana Sotropa livre quelques explications, le plus souvent liées à l’histoire tragique de ce pays, libéré tardivement du communisme mais où l’art de la fin du XIXe et du tout début du XXe siècle est encore aujourd’hui peu étudié. Des résistances survenues très tôt à l’influence supposée intrusive du monde « occidental » ont sans doute quelque peu limité l’impact historiographique du symbolisme roumain, mais c’est surtout le fardeau des écrits datant des années de la dictature marxiste qui persiste manifestement à peser sur le monde universitaire de ce pays. Ainsi que le démontre l’auteur, sources récentes à l’appui, les historiens de l’art roumains persistent à sous-estimer, voire mépriser, le symbolisme aussi bien littéraire qu’artistique, dans une vision où se mêlent rejet au nom du nationalisme et reliquats de la culture officielle des années communistes qui considéraient le symbolisme comme « décadent » (ce qui est assez piquant si l’on pense bien sûr à ce que ce terme recouvre historiquement pour notre fin de siècle). Il aura donc fallu qu’une étudiante roumaine vivant en France ait voulu traiter ce sujet pour qu’enfin tant d’artistes inconnus et une somme d’informations inédites passionnantes soient enfin livrés au public et aux chercheurs, comme si le renouveau du symbolisme roumain ne pouvait décidément pas venir du pays lui-même.

Issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2011 à l’Université de Paris I, le livre publié par les excellentes Presses universitaires de Rennes, auxquelles on ne rendra jamais assez hommage pour leur politique…

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