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José María Sert. Le Titan à l’œuvre (1874-1945)

Paris, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais, du 8 mars au 5 août 2012.

« ¿ Por qué honra París a un pintor franquista ? » titrait – dans ses pages culturelles et sous la rubrique « Arte/Polemica » – le grand quotidien espagnol El Mundo dans son édition du lundi 19 mars. Reprise partielle du titre de l’article de Philippe Dagen publié dans Le Monde la veille : « Pourquoi donc honorer à Paris un peintre franquiste sans envergure ? ». Et le correspondant à Paris du quotidien madrilène de laisser la parole aux deux commissaires, Susana Gállego Cuesta et Pilar Sáez Lacave, « très stupéfaites que l’article parle à peine de l’exposition et s’acharne essentiellement sur le personnage ». De fait avions-nous alors été surpris de lire ce haineux article – « une viscérale attaque contre la rétrospective » écrit le journaliste d’El Mundo –, qui plus est assez inexact factuellement [1]. Réglons donc rapidement le problème de l’engagement de Sert dans le franquisme pour aborder l’essentiel : la très belle exposition mise en scène par Philippe Maffre et son équipe.
L’origine familiale de Sert l’inscrit dans la très « haute bourgeoisie industrielle catalane, catholique, catalaniste et empreinte de conservatisme » concède Pilar Sáez Lacave dans un essai du catalogue [2]. Son père, royaliste convaincu, fut même anobli par Alphonse XII et reçut le titre de comte. On dit aussi que le futur Alphonse XIII jouait enfant avec le jeune José María ; ce qui est sûr c’est que le souverain visita à plusieurs reprises son atelier parisien de la rue Barbet-de-Jouy (ancien atelier d’Horace Vernet). Pourtant, lorsqu’éclate la guerre civile, l’artiste, installé à Paris depuis 1899, au centre de le vie mondaine et intellectuelle parisienne, fréquentant Cocteau et Picasso, la Princesse de Polignac et Proust [3], Colette et Claudel, Gide et Isadora Duncan, Dali et Diaghilev…, se montre distant à l’égard du soulèvement nationaliste et déclare à son collaborateur Félicien Cacan « détester Franco » parce qu’« il déteste la tendance qui veut militariser l’Espagne […] dont le but lui semble destiner son pays à devenir le champ clos du litige des puissances d’Occident [4] ». Mais lorsqu’il apprend que « le 3 août 1936, la cathédrale [de Vic avait été] détruite par les rouges [5] », puis peu après que son ami Jaume Serra, chanoine des lieux a été passé par les armes à 88 ans, que la tombe de l’évêque Torras i Bages – qui fut le premier commanditaire des décorations – a été profanée, c’est toute une partie de sa vie qui s’écroule. Il attendra un an pour embrasser ouvertement la cause franquiste, manifestement davantage par réaction que par adhésion réelle. Et c’est sans doute, ainsi que le suggèrent les commissaires, « la personnalité narcissique de l’artiste [qui] le pousse à chercher la reconnaissance du nouveau régime » en acceptant la proposition du Caudillo de reprendre une troisième fois la décoration de ce qu’il considérait comme « sa » cathédrale et son œuvre majeur : la décoration de Vic. Signalons par ailleurs, pour terminer cette parenthèse…

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