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Degas et le nu

Paris, musée d’Orsay, 13 mars – 1er juillet 2012
Exposition présentée auparavant au Fine Arts Museum de Boston du 9 octobre 2011 au 5 février 2012.

1. Edgar Degas (1834-1917)
Femme se coiffant, 1896-1911
Fonte posthume (Hébrard)
Bronze - 47 x 25,7 x 17,5 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : RMN-Orsay/H. Lewandowski
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Si l’on voulait montrer à quel point le nu a été une préoccupation constante – voire même une obsession – de Degas, depuis ses années de formation jusqu’à ses dernières années où il met à contribution toutes les facettes de son art au service du nu féminin, il faudrait s’arrêter sur cette Femme se coiffant datée des années 1896-1911 mais fondue de manière posthume par Hébrard (ill. 1), reprise d’un sujet qu’il a traité à partir de toutes les techniques – du dessin au pastel, de la peinture au monotype. De même, après avoir exposé en 1886, dans le cadre de la dernière manifestation d’ensemble des Impressionnistes, « une suite de nus de femmes, se baignant, se lavant, s’essuyant, se séchant, se peignant ou se faisant peigner », et devant le succès rencontré par les paysages de Monet, Degas va choisir de se confronter au peintre des Meules sans renoncer à être « le maître des figures [1] ». Ainsi peindra-t-il ce pastel, Paysage, côte escarpée (v. 1892, coll. Marie-Anne Krugier-Poniatowski [2]) dans lequel une simple péninsule herbeuse et rocheuse se métamorphose en paysage anthropomorphe où se dissimule une femme alanguie, chevelure plongeant vers l’eau, corps aux seins et au ventre offerts aux nuages, toison pubienne se dessinant entre les cuisses relevées. Théodore Robinson, l’ami et disciple de Monet, écrira dans son journal : « Notre mère la Terre. Cette idée d’une géante m’avait frappée ». Et il ajoutera à la référence d’une Gaïa s’offrant aux nuées d’Ouranos, celle de Vénus et Adonis de Shakespeare dans laquelle le dramaturge « compare Vénus à une prairie  » avant de conclure : « J’imagine que la liste est longue des poètes touchés par ce thème. Degas sera peut-être le premier à l’avoir traité en couleur [3] ».

2. Edgar Degas (1834-1917)
Petites filles spartiates provoquant des garçon, 1860-1862
Huile sur toile - 109,5 x 155 cm
Londres, National Gallery
Photo : National Gallery
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Ainsi, détournant le paysage impressionniste, Degas revient-il à ses premiers souvenirs lorsque, en atelier (chez Barrias ou Lamothe) il s’adonnait aux académies d’après des modèles vivants, ou, plus encore, comme « copiste » dans les musées ou dans le cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale il s’imprégnait des grands anciens : c’est ainsi que dès 1853 (il alors 19 ans) il prend sa carte au Louvre où il se rend quotidiennement – ou presque – ainsi que le confiera sa nièce, et, « suivant le conseil d’Ingres [4], il admire et étudie les maîtres [,] commence par copier avec une piété religieuse et cependant une certaine liberté [5] », cette liberté qui lui a assez rapidement fait préférer le travail solitaire de copiste plutôt que le travail en atelier, trop académique pourrait-on dire, et trop encadré.…

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