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Degas à l’Opéra

Paris, Musée d’Orsay du 24 septembre 2019 au 19 janvier 2020.

1. Edgar Degas (1834-1917)
Madame Camus en rouge, 1870
Huile sur toile - 72,7 x 92,1 cm
Washington, National Gallery of Art
Photo : NGA of Washington
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Des tutus partout ? Pas du tout. Le visiteur qui croit qu’Edgar Degas ne fut que « le peintre des danseuses [1] » se verra détrompé. Le Musée d’Orsay montre brillamment que le thème de l’opéra occupe dans son œuvre une place beaucoup plus riche que le seul sujet des petits rats sur pointes. Le peintre était un véritable amateur de musique, en partie grâce à son père qui tenait un salon musical. Il se passionna pour Gluck, détesta Wagner, côtoya des compositeurs tels que Reyer, Auber, Chausson, se lia avec de nombreux musiciens - amateurs et professionnels -, fréquenta des abonnés comme lui de l’opéra
Il portraitura tout ce milieu, essentiellement dans les années 1867-1872, dans des compositions qui ne sont pas de simples portraits dans un intérieur. Le maître refuse en effet que son modèle « pose sans but, sans signification devant l’objectif du photographe », « son repos ne sera pas une pause [...] son repos sera dans la vie comme son action [2] ». Blanche Camus, pianiste quasi-professionnelle, « pâle femme porcelainée » se tient près de son piano ou accorde son attention à quelque chose qui nous échappe, sous la lumière tamisée de son salon (ill. 1), le ténor Lorenzo Pagans accompagne son chant d’une guitare près du père du peintre, Désiré Dihau, et sa soeur Marie, l’un bassoniste, l’autre cantatrice et pianiste, jouent aussi de leur instrument.
La Répétition de chant est probablement un portrait, mais les modèles sont anonymes (ill. 2). La toile, jusque là, était reliée au séjour de Degas à la Nouvelle-Orléans en 1872-1873 et les deux femmes étaient considérées comme des parentes américaines du peintre. Henri Loyrette propose d’y voir plutôt deux chanteuses d’opéra, à Paris, ce qui expliquerait leurs gestes grandiloquents ; les divans et fauteuils ont été écartés afin de délimiter l’espace scénique.

2. Edgar Degas (1834-1917)
La Répétition de chant, vers 1869
Huile sur toile - 81 x 65 cm
Washington, Dumbarton Oaks
Photo : Dumbarton Oaks, House Collection, Washington
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De la scène aux coulisses, le lieu même de l’opéra influença Degas dans sa manière de composer ses toiles, leur cadrage, les jeux de lumière, les effets de contrastes. Étonnamment, il n’exploita pas l’architecture de l’opéra Garnier qu’il fréquenta pourtant assidûment, mais resta fidèle au souvenir de l’opéra de la rue Le Peletier. Celui-ci fut construit en 1820-1821 pour remplacer provisoirement la salle Richelieu démolie sur ordre de Louis XVIII après l’assassinat du duc de Berry. Cette nouvelle salle fut dotée des dernières innovations techniques : c’est là que fut utilisée pour la première fois la lumière du gaz pour éclairer - on ne pouvait pas trouver mieux - Aladin ou La Lampe merveilleuse. La Sylphide, en 1832, est…

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