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Chefs-d’œuvre suisses. Collection Christoph Blocher

Martigny, Fondation Pierre Gianadda, du 6 décembre 2019 au 22 novembre 2020 (fermée le 22 octobre 2020)

C’est une exposition que l’on pensait insubmersible : longuement prolongée, elle vient également d’être victime de la crise sanitaire qui a contraint la Fondation Pierre Gianadda à fermer ses portes avec près d’un mois d’avance. Le succès fut en tous cas au rendez-vous, comme il y a cinq ans, lorsque Christoph Blocher exposa une plus petite sélection de sa collection au Museum Oskar Reinhart de Winterthour. À Martigny, le catalogue compte 127 numéros, parmi lesquels deux artistes se taillent la part du lion : le visiteur ébahi découvre 48 tableaux d’Albert Anker et 46 tableaux de Ferdinand Hodler, qui se partagent l’essentiel des espaces et se font face dans la fosse de béton. L’ensemble est très impressionnant, surtout pour un œil français, hélas peu habitué à certains noms helvétiques.


1. Christoph Blocher devant Le secrétaire de commune et La petite amie d’Albert Anker
Photo : SIK-ISEA/P. Hitz
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Évacuons d’emblée le principal reproche que l’on pourrait faire à cette exposition : un choix radical a été fait dans la manière de présenter le collectionneur, célèbre en Suisse mais beaucoup moins connu en France. Homme d’affaires, ayant fait fortune dans l’industrie chimique, il est aussi patron de presse et surtout homme politique de premier plan, ayant même été conseiller fédéral entre 2004 et 2007. Figure de proue de la droite nationaliste, farouchement anti-européen, Christoph Blocher (ill. 1) est à la tête d’un empire économique familial qui fait de lui l’un des hommes les plus riches de son pays. L’exposition présente uniquement son parcours socio-économique, sans évoquer son rôle politique, ce qui peut aisément se comprendre par son aspect controversé. Il semble cependant difficile de ne pas établir de lien entre ses positions politiques et ses choix artistiques, son goût nostalgique pour le paternalisme rural allant de pair avec une certaine exaltation du passé national. Une simple recherche internet permettant aisément d’en savoir davantage, il est inutile de s’appesantir sur la présentation du collectionneur milliardaire, qui amassa des œuvres durant des décennies aux côtés de son épouse Silvia. C’est l’ancien directeur du Kunstmuseum de Berne, Matthias Frehner, qui préside à la sélection présentée ici.

2. Alexandre Calame (1810-1864)
Grands sapins
Huile sur papier marouflée sur toile - 52,3 x 43,3 cm
Collection Christoph Blocher
Photo : SIK-ISEA/P. Hitz
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Les Grands Sapins d’Alexandre Calame (ill. 2) constituent vraisemblablement l’œuvre la plus ancienne de l’exposition, venant en quelque sorte poser les jalons d’une peinture de paysage purement helvétique qui est majoritairement à l’honneur dans la collection de Christoph Blocher comme dans le choix d’œuvres accrochées à Martigny. Né à Vevey, cet artiste genevois remporta un grand succès au milieu du XIXe siècle, bénéficiant même d’un achat de Napoléon III lors de l’Exposition universelle de…

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