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« Ce Salon à quoi tout se ramène » Le Salon de peinture et de sculpture 1791-1890

Auteurs : collectif sous la direction de James Kearns et Pierre Vaisse

Cet ouvrage publié par Peter Lang dans la collection des French Studies of the Eighteenth and Nineteenth Centuries, s’attache à un sujet qui dispose certes d’une importante bibliographie, y compris récente [1], mais dont tous les aspects n’ont pas été traités, loin s’en faut. Comprenant un peu moins de dix essais, le volume ne prétend bien entendu pas à l’exhaustivité et, ainsi que le précise Pierre Vaisse dans son introduction, réunit des textes qui peuvent paraître disparates mais n’en désignent justement pas moins la diversité des questions liées au mythe et à l’histoire du Salon tout en en pointant justement des aspects encore inexplorés. Non sans avoir rappelé l’importance considérable de cet événement de la vie artistique mais aussi de la vie « civile » tout court qu’était le Salon parisien (organisation, enjeux, réception dans la presse et les milieux littéraires, fréquentation considérable proportionnellement à la démographie de la capitale et aux conditions de transport de l’époque), Pierre Vaisse insiste surtout sur la focalisation excessive, les raccourcis ou les clichés que le Salon a bien souvent entrainés : lieu d’exercice d’un art décrété univoquement « officiel » et par rapport auquel toute la téléologie moderniste s’est un peu trop facilement construite en identifiant le « hors Salon » ou le « contre le Salon » à des transgressions forcément légitimantes ; seul espace supposé de l’exercice de la divulgation artistique etc.. Et Pierre Vaisse de rappeler le rôle encore sous estimé des marchands et courtiers et des ventes aux enchères par les artistes eux-mêmes, bien plus précocement dans le XIXe siècle qu’on ne pourrait le croire, sans compter, avant les Indépendants, avant les Impressionnistes, avant même le « salon » des refusés de 1863 (tous événements hautement surestimés dans la mythification moderniste), la floraison des expositions privées dues à des cercles ou à des sociétés provinciales très nombreuses et fort actives. L’ouvrage aborde ainsi divers sujets directement liés au Salon mais il permet en même temps de relativiser son « monopole », de préciser son fonctionnement et d’en révéler maintes facettes méconnues de l’histoire et de l’évolution, dans un système beaucoup plus complexe et étendu que ne le laissent croire de nombreuses études, même récentes, souvent plus conformes à une idéologie construite postérieurement, ou à une paresse intellectuelle, qu’à des réalités légitimées par la recherche. Que ce volume soit dirigé par (et bénéficie d’essais de) James Kearns, spécialiste de la critique d’art du XIXe siècle et Pierre Vaisse, dont les travaux sur les institutions artistiques en France font autorité, achève de convaincre, si c’était nécessaire, de l’intérêt de l’entreprise. L’ancienneté de la réflexion de ce dernier quant à ces sujets est ici confirmée par le rappel (dans son essai final), et non sans une juste pointe de malice, des chapitres consacrés aux salons dans sa thèse de 1980,…

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